Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la lecture occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine de livres. Et parmi ceux-ci, Si la gauche savait, livre d’entretiens de Michel Rocard avec Georges-Marc Benamou.
Fut un temps je m’intéressais à la chose politique.
Avec parfois l’impression d’y comprendre quelque chose.
A cette époque, la figure morale et intellectuelle pour laquelle j’avais un respect infini et qui me semblait avoir toujours ou presque raison était, vous vous en doutez, Michel Rocard.
Il était, en quelque sorte, mon idole politique.
Idole que j’ai pu observer en direct, en 2007, à l’occasion du forum China Europa.
Il n’a fait qu’un discours parmi une suite de discours mais je l’ai écouté avec la même attention dévote que si j’assistais à un concert de Paul Weller ou de Mal Waldron.
À peine quelques mois auparavant il avait été victime d’une hémorragie cérébrale. Dans les applaudissements de la salle, avant et après sa prise de parole, vibrait une intense émotion.
Et même s’il m’est arrivé d’être en désaccord avec lui, même si la gênante pulsion d’égo qui le prit au moment de l’organisation de ses obsèques assombrit un peu sa figure, il reste pour moi une, sinon, la référence.
J’aurais d’ailleurs pu choisir bien d’autres livres au contenu largement aussi intéressant que celui-ci. Les plus anciens Parler vrai, A l’épreuve des faits, Un pays comme le nôtre, Le Cœur à l’ouvrage ou encore Le PSU et l’avenir socialiste de la France.
(Oui, j’ai beaucoup de livres de Rocard dans ma bibliothèque. Et je ne les cite même pas tous.)
Si j’ai préféré mettre en avant Si la gauche savait c’est que sa sortie a coïncidé avec l’émergence des blogs où j’ai découvert que nous étions quelques uns à nous sentir des affinités avec cet homme, et que dans cette sorte d’amicale des Rocardiens j’ai puisé quelques personnes que je compte encore parmi mes amis chers.
C’était l’époque où je m’intéressais à la chose politique, où le débat m’attirait.
C’était avant.
Je vous ai déjà parlé à quelques reprises de mes problèmes de conviction et latéralisation qui forment désormais l’essentiel de mon rapport à l’arène où on se dispute sur les problèmes essentiels de notre pays.
Au point que maintenant à peu près toute la politique française m’apparaît aussi sympathique et compréhensible que les trois tours d’une élection municipale marseillaise.
Vous comprendrez donc que je n’épilogue pas et puis le temps presse et votre patience s’use.
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