N'était ce que j'appellerai rigueur mais qui tient peut-être plutôt de la poltronnerie de qui ne veut pas être pris en faute, je vous aurais longuement parlé cette semaine de l'attentat de Sarajevo dont nous nous apprêtons à commémorer le centenaire.
Je ne me serais pas attardé sur l'organisation du complot rien moins que branquignole et dont le succès fut quelque chose comme une aberration.
Je n'avais pas non plus l'intention de m'attarder sur les responsabilités de la Serbie - nation alors en pleine expansion et aux mœurs gouvernementales un peu rudes - dans l'événement, pas plus que sur les conséquences bien connues, réalisation à très grande échelle de ce qui n'avait eu lieu que sous forme d'esquisse et répétition juste quelques mois plus tôt.
Non. Il n'aurait été question ici que d'une affaire dans l'affaire, simple anecdote mais propre à figurer dans la collection des Grands détectives avec des jésuites dans les rôles principaux.
Car figurez-vous que, la faute sans doute à une science criminologique encore balbutiante, nous ne savons pas quelle arme fut utilisée pour tuer l'Archiduc François-Ferdinand. Si l'identité du tireur, Gavrilo Princip, ne saurait être remise en question, la grande confusion et les informations balistiques lacunaires ne permirent pas d'identifier avec certitude le pistolet fautif. Et ce sont des jésuites, proches de la famille royale en deuil, qui, collectant sur place et recoupant les informations disponibles, ont réduit à quatre le nombre d'armes à l'origine de la boucherie des tranchées.
Hélas, n'ayant pas réussi à réunir suffisamment d'éléments garantis historiquement corrects pour donner à cette histoire l'ampleur qu'elle méritait il me fallut l'abandonner.
Je peux seulement vous dire que, durant l'automne 2015, l'un de ces quatre pistolets devrait être visible du côté de Bruxelles lorsque ouvrira la Maison de l'histoire européenne.
Avec le temps perdu dans cette affaire sans suite il ne me fut plus possible d'écrire avant la fin de la semaine un long texte sur un autre sujet d'actualité : le football.
C'est dommage car l'histoire de ce sport est passionnante dès ses débuts anglais au mitan du dix-neuvième siècle alors que l'élaboration progressive des règles va le séparer du Rugby au point qu'en ce jour de 1863 où fut interdit l'usage du hacking ou coup de pied donné à l'adversaire, certains déplorèrent la dénaturation d'un sport viril qui devenait du même coup « accessible même aux Français ».
Puis il y eut les premières guerre d'écoles : l'anglaise, malgré la dé-virilisation reste fidèle au principe de la chevauchée solitaire et audacieuse jusqu'au but adverse quand les Écossais se mettent à élaborer un jeu de passes.
Une séparation que l'on retrouvera dans les deux premières régions du monde suffisamment peuplées d'ingénieurs, hommes d'affaires, diplomates ou marchands anglais pour que se développe ce sport : l'Autriche-Hongrie et l'Amérique du sud.
A Vienne et Budapest, par l'entremise de Jimmy Hogan se perfectionnera le style écossais au point que successivement l'Autriche puis la Hongrie un peu plus tard, furent parmi les équipes les plus craintes.
En Amérique du Sud (20% de l'investissement britannique à l'étranger en 1880 avec plusieurs dizaines de milliers de sujets de sa gracieuse etc. présents sur le continent dont cinq mille rien que dans la région de Buenos Aires), c'est la course ballon au pied qui eut les faveurs locales mais avec plus d'habileté et de ruse que d'audace et de rudesse : c'est la création de la gambetta, ou dribble slalomant qui se pratique surtout dans l'estuaire de River Plate et donnera à l'Uruguay et à l'Argentine les clefs pour la suprématie footballistique à une époque où la réussite locale s'étendait à l'extra sportif. Pensez qu'il y a, là encore, juste cent ans, l'Argentine avait un PIB par tête plus important que l'Allemagne, l'Italie ou la France.
Peut-être y reviendrai-je un jour ?
Mais ce qui est malheureusement certain c'est que je ne vous parlerai de rien aujourd'hui et, qu'en plus, je le ferai avec vingt-quatre et quelques heures de retard.
Je vous présente donc mes plus plates et néanmoins plus estivales excuses.
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