Cher monsieur Meyer,
Ce matin - comme depuis un nombre suffisant d'années pour que je n'en précise pas le nombre, cela risquant de nous peiner l'un et l'autre - j'écoutais votre chronique au sujet de Maxime Brunerie et des difficultés qu'opposent à sa réinsertion quelques vertueux se mettant en scène.
Chose rare : j'avoue n'avoir pu m’empêcher de pester ; permettez que je m'en explique.
Les jurés démissionnaires, l'université prenant des airs dégoutés ainsi que le journal en ligne qui pense s'être trouvé un scandale à dénoncer se donnent des airs de Jean Moulin à bon compte, je suis d'accord.
De même qu'il ne me viendrait pas à l'idée de réclamer des sanctions supplémentaires pour qui s'est acquitté de la peine qui lui fut légalement infligée et n'a, depuis, rien fait qui puisse en faire un infréquentable.
Je m'interroge néanmoins.
Comme vous le racontiez, depuis son tir raté Maxime Brunerie est maintenant de ceux auxquels les médias demandent leur préférence électorale et pour qui les portes de l'édition se sont ouvertes.
Pour annoncer son coup de feu et d'éclat, Maxime Brunerie prévenait le 13 juillet 2002 que, le lendemain, la star ce serait lui.
S'il est très exagéré de considérer qu'il a désormais une célébrité telle que lui seront moulés pieds et mains sur les trottoirs californiens, on peut tout de même reconnaitre que tirer sur un président en plein défilé lui aura finalement offert des opportunités qui ne se seraient, on peut le penser, jamais présentées sans cela.
La comparaison vous paraitra peut-être choquante, tant les crimes diffèrent par leur ampleur, mais je me souviens m'être fait une réflexion similaire quand, au lendemain de son double attentat, Anders Breivik pouvait se réjouir de quelques centaines de milliers de nouveaux lecteurs, deux ou trois dizaines d'exégètes et d'une présence médiatique quasi uniquement illustrée par des photos choisies par ses propres soins.
Sept années de prison sont certainement - j'ai la chance de ne pas pouvoir le mesurer exactement - un prix élevé pour une gloire, je le reconnais, modérée.
Mais, si ce sujet comme c'est souvent le cas, possède un grand nombre d'aspects, une autre morale possible eut été que, pour ce qui concerne la recherche de notoriété, le crime visiblement paie.
En espérant que vous ne preniez pas ombrage de ces quelques remarques, permettez moi, cher monsieur Meyer, de vous adresser mes respectueuses et admiratives salutations.
Oui.
Le pb est que le motif invoqué par les jurés démissionnaires n'est pas celui là.
Non?
Rédigé par : Eviv Bulgroz | 02 décembre 2011 à 22:26
Je ne défends pas les jurés (cf. les "vertueux se mettant en scène" et autres "Jean Moulin").
Mais il me semble difficile de faire l'impasse sur cet aspect quand on parle de Maxime Brunerie.
Rédigé par : aymeric | 02 décembre 2011 à 22:44
Pester!
Mais comment faites-vous pour garder une telle équanimité?
Rédigé par : Hady_ba | 03 décembre 2011 à 10:35
C'est que j'ai beaucoup de goût pour le mou, souvenez-vous.
Rédigé par : aymeric | 03 décembre 2011 à 13:01
Et si, vraiment, il avait changé ? Est-ce impossible ? Je ne connaissais pas l'affaire, mais la prison n'est-elle pas ( non ! ne devrait-elle pas être) pédagogique ? Aux USA, en général, le jugement interdit toute exploitation par le livre, le cinéma, etc. par des condamnés. A réfléchir.
Rédigé par : cdc | 12 décembre 2011 à 23:46
Ah c'est possible, mais ce n'est pas le problème. Le fait est la notoriété lui est venue par la gâchette.
Rédigé par : aymeric | 18 décembre 2011 à 19:55
CQFD : http://www.lesoir.be/culture/scenes/2012-01-19/le-manifeste-breivik-mis-en-scene-891448.php
Rédigé par : aymeric | 19 janvier 2012 à 14:41