C’est peut-être d’avoir passé ici le gros de mes études que, revenant quelques dix années plus tard, de tous côtés que je regarde - ce qui défile derrière la vitre ou ceux qui s’entassent dans le tramway - je ne vois que godelure.
Mais charmante.
Fraiche. Avec ce qu’il faut de fougue et de maladresse.
Ils sont les années que j’ai passées dans cette ville de province, très pauvres en ennui.
Ils sont le bras d’honneur à la moue dégoutée de ce collègue qui ne concevait pas la vie hors de l’Ile de France ; pas plus la sienne qu’il puisse y en avoir.
La province comme mouroir vue par un habitant de Massy-Palaiseau qui enchaine grosse affiche et gras rapide une fois par trimestre sur les Champs et pense ne pas pouvoir se satisfaire ailleurs.
« Très vite, une fois fait l’apprentissage de la topographie parisienne tout court, et surtout de la topographie morale, sociale, artistique, cote exacte des spectacles, cafés, quartiers, monuments, ils avaient cessé de se sentir provinciaux. La capitale fourmillait de Parisiens à la quatrième génération, enfermés par leur routine, leur gagne-pain, leurs préjugés et leur ignorance vaniteuse dans une province aussi vieillotte que celle des Nivernais ou des briochins, tandis qu’avec leur curiosité de cosmopolitisme et d’inédit, les appétits qu’ils avaient déballés en même temps que leurs valises, les deux garçons étaient de ceux qui font les nerfs, l’électricité, le sang toujours nouveaux de Paris. »
Lucien Rebatet in Les Deux étendards.
Mais charmante.
Fraiche. Avec ce qu’il faut de fougue et de maladresse.
Ils sont les années que j’ai passées dans cette ville de province, très pauvres en ennui.
Ils sont le bras d’honneur à la moue dégoutée de ce collègue qui ne concevait pas la vie hors de l’Ile de France ; pas plus la sienne qu’il puisse y en avoir.
La province comme mouroir vue par un habitant de Massy-Palaiseau qui enchaine grosse affiche et gras rapide une fois par trimestre sur les Champs et pense ne pas pouvoir se satisfaire ailleurs.
« Très vite, une fois fait l’apprentissage de la topographie parisienne tout court, et surtout de la topographie morale, sociale, artistique, cote exacte des spectacles, cafés, quartiers, monuments, ils avaient cessé de se sentir provinciaux. La capitale fourmillait de Parisiens à la quatrième génération, enfermés par leur routine, leur gagne-pain, leurs préjugés et leur ignorance vaniteuse dans une province aussi vieillotte que celle des Nivernais ou des briochins, tandis qu’avec leur curiosité de cosmopolitisme et d’inédit, les appétits qu’ils avaient déballés en même temps que leurs valises, les deux garçons étaient de ceux qui font les nerfs, l’électricité, le sang toujours nouveaux de Paris. »
Lucien Rebatet in Les Deux étendards.
Dès lors que le charme et la pulsation d’une ville doit sans doute plus à ses derniers arrivants qu’à ses natifs à plus d’un degré, est-ce réellement un drame qu’entre 1998 et 2006, « la construction de logements neufs par tranche de 1 000 habitants s'établit à 28 pour l'Ile-de-France, 48 pour le Limousin, 51 pour la Franche-Comté et 78 pour la Bretagne » ?
illustration, comme souvent, signée camille.
Tu ne trouves pas ces phrases de Rebatet terriblement vieillottes ? Il me semble sentir l'odeur de naphtaline des vieilles armoires compassées.
Et tu ne t'es pas trompé dans la ponctuation ? Il n'y a pas une virgule, devant "les deux garçons", plutôt que ce point ? Parce que si c'est le cas, c'est pire que tout ! Mais si tu t'es trompé, la phrase de Rebatet est super longue !
Rédigé par : samantdi | 30 mai 2010 à 21:56
Ah non, désolé. Au contraire. Tout misérable qu'il fût, je tiens Rebatet pour un formidable romancier et un prosateur des plus toniques.
(Effectivement, erreur de recopie ; corrigée.)
Rédigé par : aymeric | 30 mai 2010 à 22:22
Cette phrase pour évoquer ces jeunes gens qui, ayant quitté leur province tels de malheureux héros balzaciens égarés au XXème siècle afin de perdre leurs illusions dans une ville cosmopolite, découvrant la vigueur moderne d'une métropole pleine de monde, tu ne la trouves pas un peu longue ?
(Misérable, Rebatet ? Il semblerait qu'il bénéficie d'un regain d"intérêt)
Rédigé par : samantdi | 31 mai 2010 à 18:09
Disons que sa longueur ne me gène pas.
(Misérable car, même si c'est vrai qu'on parle un peu plus de lui dernièrement, il n'en reste pas moins qu'il fut une belle crapule.)
Rédigé par : aymeric | 01 juin 2010 à 18:30
Tu peux sourire, charmante Elvire, les loups sont entrés dans Paris...
Ah non, c'est pas sujet... pardon.
Rédigé par : doudette | 24 juin 2010 à 20:49