Le chiffon républicain n’est jamais aussi bien agité que par ceux-là même qui s’en recouvrent.
A la fois bandeau et condamné il est ce qui refuse de compter ses minorités au nom de la totalité tout en jetant ceux qu’elle prétend ne pas extraire aux infinies vexations.
A l’impératif des charters à remplir s’est ajouté un nouveau besoin de protections impossible à rassasier.
Et qu’importe que les preuves de l’inefficacité de la méthode s’empilent en toute désespérante inutilité.
La discrimination, tolérable en actes, ne saurait supporter d’être nommée par le speculum qui la dévoilerait.
Qu’analyses et faits puissent se rejoindre, voilà une bien inconcevable hérésie pour les aveugles volontaires.
Je crois aussi qu'il y a dans ce problème, la difficulté à penser l'identité culturelle. Pour l'exacerber ou pour la combattre, les deux se rejoignent pour y voir un "état de fait", une donnée quasi naturelle qu'il faut selon les positions, soit revendiquer, soit effacer. Hors, et c'est à mon avis un des grands intérêts de la sociologie de la personne de Jean Gagnepain que de l'avoir mis en évidence, c'est la revendication (phénomène qui doit être vu comme implicite, comme une résistance à ne pas être comme l'autre) qui fait l'identité. Et en même temps la tentative d'effacement jamais achevée qui fait la relativité de cette identité et à terme ce qu'on peut appeler l'histoire. Ce n'est pas parce que l'identité n'a rien de naturelle, ni d'absolue qu'elle n'existe pas , non pas comme un "en soi" mais comme un processus dialectique de revendication et d'effacement qui est une caractéristique de l'humain. Bourdieu avait entraperçu (et bizarrement ses zélateurs n'ont jamais tiré les leçons de cet aspect de sa théorie)ce qu'il avait appelé la distinction. Sauf que chez lui, la distinction était distinction de classe, alors que Gagnepain développe et enrichi cette notion en l'étendant à la "race" et aux groupes générationnels.
Rédigé par : le passant | 30 mai 2009 à 11:38
Tout à fait mon cher passant, seulement, je crois que tu vas bien au-delà de ma note qui se voulait :
- un petit exercice de style (d'où la catégorie) qui se voulait proche dans le ton d'une tribune/interview portée aux nues par un nombre surprenant de mouilleuses.
- en même temps qu'une râlerie contre ce pays des droits de l'homme qui joue les effarouchées à propos des statistiques ethniques sans pour autant trop s'émouvoir que le contrôle au faciès soit la norme de l'intervention policière.
(Tu es édité chez Leo Scheer ? Woaw ! Congratulations.)
Rédigé par : aymeric | 02 juin 2009 à 19:52
Bon, tu sais depuis que je n'ai plus de blog où je peux pontifier en toute liberté sur la théorie de la médiation, je saisis la moindre occasion pour ramener ma science.
Pour ce qui est de Léo Scheer, c'est tout simplement un espace d'autopublication sur le net, q'il met à disposition de tous les écrivaillons amateurs (ou pas d'ailleurs). Bon, l'idée n'est pas mauvaise mais comme à la fac , comme il n'y pas de sélection, il y a beaucoup de textes mais en fait peu de gens les lisent :-). Bon, ce n'est pas grave, c'était plus pour avoir l'occasion de finir quelque chose.
Rédigé par : le passant | 02 juin 2009 à 23:54