Bizarre, bizarre.
Pour l'avoir lu et entendu un très grand nombre de fois, je ne me posais même plus la question de la réalité de la toujours plus obscène importance de la distribution des dividendes dans ce nouvel et odieux capitalisme d'actionnaires, celui qui a détroné notre regretté capitalisme rhénan qui savait, lui, "valoriser la réussite collective, le consensus et le souci du long terme".
A ce sujet et - excusez la prétention - comme Robert Castel je continue de m'étonner de cette idéalisation rétrospective des trente glorieuses, période "qui, de guerres coloniales en injustices multiples, a [pourtant] comporté nombre d'épisodes peu glorieux."
Mais, revenons à nos dividendes. Figurez-vous qu'ils diminuent globalement, enfin aux Etats-Unis, mais n'est-ce pas la terre mère de la religion de l'actionnariat ?
Et pas depuis cet automne. D'après une étude de Eugene F. Fama et Kenneth R. French, la proportion des entreprises cotées versant des dividendes a chuté de 66,5% à 20,8% en un peu plus de vingt ans. Une division par trois.
De plus, durant cette même période, toutes les entreprises toutes caractéristiques confondues, ont augmenté leurs investissements en fonds propres, ce qui ne cadre pas tout à fait avec le court-termisme censé diriger les marchés depuis le putsch Friedmanien.
(Je n'ai pas le courage d'aller vérifier maintenant mais il me semble qu'il y avait quelques autres données en ce sens dans le Thesmar & Landier.)
Alors maintenant on peut s'offusquer, demander quelle est la dernière tendance, si elle s'inverse ou encore si un système où il n’y a pas de dividendes n'encourage pas la spéculation et la multiplication des transactions puisque le seul moment où l'on fait de l’argent c’est en vendant les actions ? Toutes questions que je me pose moi-même et sur lesquelles je me pencherai (peut-être) plus longuement d'ici peu mais, pour l'instant, je ne peux que constater que décidément, pour ce qui est de préserver les épinaleries, le réel est bien peu fiable.
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