"Pourquoi veut-on que je sois aujourd’hui de la même opinion qu’il y a six semaines ? En ce cas, mon opinion serait mon tyran" Marie-Henri Beyle aka Stendhal..............................................................................................................................................................................................................
"Va te faire foutre/Je dis/C'est qui/Le patron ?" Charles Bukowski....................................... "Hat and Beard" Eric Dolphy
C’est un petit jeu auquel je
m'adonne chaque dimanche matin et qui débute lorsque de la radio à peine
allumée s’échappent les dernières paroles du temps de l’envoi.
Quelques paroles que l’orgue
accompagne et qui sonnent l’heure de L’Esprit Public, estimable émission qui
fait partie de mes habitudes dominicales depuis une poignée d’années.
J’approuve, désapprouve,
applaudis ou peste sans me lasser.
Assez vite j’ai pimenté ce rendez-vous
d’un petit jeu dont je vous parlais plus haut : Max Gallo, sûrement l’intervenant
avec lequel je suis le plus souvent en désaccord a pour habitude de parsemer
ses intervention d’un nombre assez conséquent de « en effet » ou
plutôt /ɑ’nefe/ - cette formule d’ordinaire utilisée pour signifier son accord à
son interlocuteur intervient le plus souvent chez Max Gallo pour s’approuver
lui-même.
Le jeu don consiste tout
simplement à parier sur le nombre de ces occurrences.
(Quoi, c’est tout ?
Ben oui….)
Si cet amusement un rien
crétin vous tentevous pouvez vous
promener par ici.
Par contre, ne vous
laissez pas abuser par la session d’aujourd’hui, il était particulièrement
prodigue de ses /ɑ’nefe/.
Samedi 18 octobre à la Cité de la Musique eut lieu la soirée Versus :
la confrontation de musiques électroniques populaire (représentée ici par une
de ses grandes figures, l’américain Carl Craig) et savante.
Pour se mesurer au musicien de Detroit, un casting à l’avenant :
quelquesgrandes figures du cross over avec le grand producteur Moritz Von Oswald (Basic
Channel et Rythm’n’Sound entre autres, et ayant déjà travaillé sur une
adaptation du Bolero
de Ravel auquel il fut d’ailleurs fait allusion durant la soirée), le chef
d’orchestre François-Xavier
Roth et le pianiste Francesco
Tristanoqui ne dédaigne ni les jazzeries ni les crépitements lancinants de l’IDM.
.
En fait de confrontation il y eut alternance
de versions orchestrées de quelques tubes de la tête d’affiche avec des morceaux
plus classiquement contemporains, sans doute davantage dans les cordes – encore
que - de l’ensemble Les
Siècles : Le City Life de Steve
Reich et Streets
de Bruno Mantovani (Vous noterezla
coloration urbaine des morceaux choisis).
Commençons par ceux-ci.
.
City Life est une des pièces les plus connues de Reich et, de mon point de
vue, l’une de ses toutes meilleures (avec Music for 18
Musicians). Il est possible que, paradoxalement, cette proximité ait pu limiter
le plaisir ressenti. Comme c’était la première fois que j’assistais à une de
ses exécutions, peut-être m’attendais-je à davantage. Je n’ai rien à reprocher
aux musiciens, je ne me suis senti trahi en aucune manière et les premières
mesures entendues me furent même un vrai bonheur. Mais un bonheur sans montée
qui s’émousserait presque de ne pas avoir connu de crescendo.
Pour ce qui est de Streets, l’œuvre de Bruno Mantovani, je mis un peu de
temps à rentrer dans un morceau qui m’apparut tout d’abord comme sacrifiant par
trop aux canons d’un atonalisme rigide (il est dédié à Pierre Boulez) puis,
petit à petit, les nappes de violon, le motif obsessionnel de la harpe donnent
cohérence et tenue à l’ensemble et rendent bien ce chaos dans le statisme
qu’imaginait son auteur. Pas une révélation mais une belle découverte.
.
Venons enfin maintenant à la star de la
soirée (à voir les affiches, je suppose que l’essentiel de l’assistance est
venue sur son nom ; d’ailleurs moi-même…). Là encore, l’impression est
mitigée. Je dirais que les arrangements en eux même sont plutôt réussis, et que
le traitement du son et le travail sur les boucles, grésillements et autres
effets sonores se mariaient extrêmement bien à la matière orchestrale. J’ai
plus d’une fois pensé au très beau travail de Vincent
Artaud. Tout cela aurait donc été parfait si les incursions rythmiques ne
s’étaient pas avérées désastreuses. Un beat systématiquement trop lourd et
comme artificiellement collé. Produite telle quelle, la colonne vertébrale de
la house de Craig sonnait ici comme un ajout de mauvais goût.
On me dira que c’est le sort commun à
ces tentatives de greffes contre nature, mais je ne m’en satisfais pas, gardant
le souvenir de la soiréeWarp
works & 20th century masters, il y a deux ans dans les mêmes lieux, qui
était fort réussie et ne tombait jamais dans ces sortes de travers
Peut-être le décalage malheureux était-il
l’effet de conditions acoustiques déficientes, peut-être plus simplement était-ce
ce rendez-vous qui était manqué ou en rodage mais si cette soirée fut plaisante
elle eut tout de même aussi quelque chose d’un peu décevant.
Add du
28/10 :
Le collectif Grandcrew a filmé ce
concert, consultable dans son intégralité ici.
En 1993, Jacques Généreux, pas exactement un adepte de
l’ultralibéralisme, écrivait dans son Introduction
à la politique économique : « L’impuissance de politiques
keynésiennes face au dilemme de la stagflation va progressivement renverser les
stratégies politiques. Les années 80 seront ainsi le lieu d’un quasi-consensus
monétariste et libéral. »
Ainsi, ce n’est pas par l’intermédiaire d’élites réunies en complot
et retournant le concept de l’hégémonie culturelle gramscienne au profit du
capital que les recettes keynésiennes ont été abandonnées mais à cause de leur
impuissance à résoudre les nouveaux
problèmes du temps.
Une simple histoire d’adaptation en somme.
L’imperfection étant notre nature, il n’y avait que quelques naïfs
pour supposer qu’on tenait là LE fonctionnement économique pour les siècles des
siècles.
Chaque système engendre inévitablement ses propres effets pervers,
parfaitement imprévisibles le plus souvent.
D’autre part, pour importante que fut l’évolution, la netteté de la
nouvelle théorie dut bien s’accommoder de bricolages presque contre nature (n’en
déplaise à quelques-uns, ni l’Etat ni les régulations n’ont jamais complètementabandonné
la partie).
Pourtant, comme certains ont tendance à adopter telle ou telle
théorie économique comme on rentre en prêtrise, quelques dévots keynésiens
attendaient avec impatience leur revanche.
Se sentant exaucés depuis peu ils ne cherchent pas à cacher leur
revancharde jubilation devant ce qu’ils espèrent être un grand tour de roue.
Et pourquoi pas.
Les changements de paradigmes arrivent, comme celui évoqué plus
haut le prouve, et les récents événements ont a priori l’ampleur suffisante
pour impulser quelques nouveautés de grande importance dans la mécanique financière
et, plus largement, dans la manière de pratiquer les politiques économiques.
Seulement, alors qu’on ne sait
même pas encore de quelle nature
est vraiment la crise, quoiqu’en disent ceux qui font profession
de prophètes, il est sans doute encore un peu tôt pour savoir si nous nous
apprêtons à franchir la ligne qui sépare les mesures ad hoc, même conséquentes,
du grand chambardement.
-Arnaud Rebotini (ex de l’INA-GRM mais aussi connu sous le nom de Zend Avesta ou encore comme moitié de Black Strobe) sort un nouvel album : Music Components.
-Souvenez-vous, Factory Records : une déprime charbonneuse dans un minimalisme acéré. Si un pèlerinage vous tente, Peter Hook (ancien bassiste de Joy Division) et Section 25 se produisent ensemble le 6 novembre à l’Elysée Montmartre.
-Le Hall of Fame de la musique expérimentale se trouve chez Zeitkratzer, un ensemble musical berlinois qui a récemment décidé de faire aussi dans l’édition.
-De tous les temps, vraiment ? Les téléspectateurs de MTV sont décidément un peu navrants. A moins qu’il ne s’agisse d’un humour méchamment ricanant, à la B&B auquel cas j’ai peur de ne pas y être très sensible.
Le 18 février dernier, Virginie Lamotte écrivait: "Derrière une réussite économique incontestable et incontestée, l’Islande souffre depuis des décennies d’une forte inflation. Il semblerait qu’elle soit aujourd'hui dans une situation économique plus fragile qu’il n’y paraîtrait (deux des grandes entreprises du pays ont annoncé de très grosses pertes financières suite à la récession qui s’amorce sur les marchés financiers)."
Elle insistait dans le même article sur le caractère très fluctuant, donc peu rassurant, de la króna.
Je me souviens de cet article car il se faisait surtout l’écho de certaines voix Islandaises qui, pour remédier à cette volatilité inquiétante, envisageaient très sérieusement une adoption unilatérale de l’Euro, et ce, sans passer bien sûr par la case de l’adhésion.
Un projet gonflé, tellement audacieux qu’il en était évidemment impossible.
La méthode à la hussarde était condamnée, mais il semble que la tentation européenne de Reykjavik, dans une version plus réglementaire, reprenne un peu de vigueur ces dernières heures.
Je suis de ceux qui se placent facilement sur la défensive : dès
l’ouverture de ce blog je m’étais donc lancé dans une explication/justification.
Il y aura trois ans dans quelques mois.
(Je vois d’ailleurs que j’y avais glissé également deux promesses
de billets dont l’une n’a jamais été honorée et l’autre n’est restée qu’à
l’état d’ébauche. Une mauvaise habitude qui ne date visiblement pas d’hier).
Posture défensive oblige, j’avais d’emblée abordé les composantes
les plus basses du processus motivationnel (autour des questions d’ego
particulièrement) pour ensuite évoquer un désir, plus présentable, de
s’inscrire dans une communauté puis enfin, la volonté de clarifier ses idées
par le travail de recherche, le processus de rédaction et, le système de
commentaires aidant, la confrontation régulière.
On retrouve ici à grands traits ce que j’ai pu lire chez à peu près
tous ceux qui se sont pliés à l’exercice why-bloguesque.
Rien que de très banal en somme.
Mais il est une autre raison, bien aussi forte sans doute, que je
n’avais pas formulée à l’époque: si j’ai le goût de l’écriture et des idées je
sais aussi que, sans contrainte, l’inclination ne dépasse que trop rarement le
stade de la jachère.
Il y avait l’idée qu’en quelque sorte ce blog m’obligerait.
Alors, la vraie question maintenant pourrait être : pourquoi
je ne blogue (apparemment) plus ?
Les pauses ici ne sont pas rares.
Certaines peuvent être assez longues, la dernière par exemple.
Dans ces cas, bien souvent, c’est que la contrainte que je m’étais
imposée n’opère plus.
Soit qu’elle n’en soit plus vraiment et que le blog soudain
m’indiffère soit qu’elle soit devenue trop présente et, du coup, plus inhibitrice
que stimulante.
Jusqu’à présent, j’ai toujours réussi à retrouver, au bout d’un
moment, le juste niveau de mauvaise conscience : le niveau incitatif.
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