Timothy Garton Ash, qui avait par ailleurs déjà fait remarquer que le Royaume-Uni collectait désormais plus de données que la Stasi ne l’avait jamais fait, se désolait hier du vote d’un projet de loi autorisant la garde à vue sans inculpation des personnes soupçonnées de terrorisme pour une durée maximale de 42 jours.
Sous prétexte de plus d’efficacité dans la lutte – ce qui d’ailleurs ce discute, les bénéfices à attendre semblant beaucoup plus incertains que les effets pervers qui eux sautent aux yeux - cette décision revenait selon lui à "étrangler la liberté pour la sauver".
On pourrait lui rétorquer que l’Etat, ne fait ici après tout que répondre aux légitimes désirs de ses citoyens.
Car, effectivement, demande de sécurité il y a.
Robert castel notait il y a de cela quelques années le paradoxe suivant : dans nos sociétés "entourées et traversées de protections, les préoccupations sécuritaires restent omniprésentes. On ne saurait éluder le caractère troublant de ce constat en prétendant que le sentiment d’insécurité n’est qu’un fantasme de nantis qui auraient oublié le prix du sang et des larmes, et à quel point la vie autrefois était rude et cruelle. Il porte de tels effets sociaux et politiques qu’il fait bien partie de notre réalité et structure même largement notre expérience sociale. Il faut en convenir : alors que les formes les plus massives de la violence et de la déchéance sociale ont été largement jugulées, le souci de sécurité est bien une préoccupation populaire, au sens fort du terme. […] L’insécurité moderne ne serait pas l’absence de protections, mais plutôt leur envers, leur ombre portée dans un univers social qui s’est organisé autour d’une quête sans fin de protections ou d’une recherche éperdue de sécurité."
Ces “cent mille bouches de la presse et de la tribune” réclamant, à l’Etat, à l’Europe, toujours plus de sécurité, créent finalement, par l’inflation de leurs attentes, les conditions d’inévitables déceptions.
Quelque chose d’une addiction en somme.
Question cette "demande sécurité" ne découle-t-elle pas de l'incapacité de l'Etat à faire appliquer la loi : commissariat en sous effectifs (dossiers en souffrance ainsi que les gens), surpopulation carcérale qui n'aide pas la réintégration dans la société, non application des lois sur le suivi des délinquants (sexuel ou non).
Ca arrange bien l'Etat d'abonder dans les craintes des français et hop l'Etat masque ses carences derrière des lois encore plus liberticides.
Purée de patate, je vous le dis mes amis, ça craint un max, on est dans la merde, les cons sont au pouvoir (désolée la digestion me donne toujours un peu d'hypoglycémie et là je dérape)
Rédigé par : Mapie | 13 juin 2008 à 13:33
Pas faux tout ça ma bonne Mapie...
En ce qui concerne l'inefficacité de l'État dont tu parles il y a un article pas inintéressant ici.
Pour ce qui touche à l'incessante production de lois, ce ne sont pas les études qui manquent ; un petit tour d'horizon ici (j'ai lu quelques très bonnes notes de blog à ce sujet, chez verel notamment je crois mais je ne les retrouve plus).
Sinon, effectivement la digestion semble te rendre quelque peu... disons... gauloise.
Rédigé par : aymeric | 15 juin 2008 à 21:02