Il faut lire la dernière saine colère d’Hervé.
Pas uniquement pour y lire le juste sort qu’il réserve à la triste Isabelle Alonso mais parce que ce qu’il dénonce est un assez bel exemple d’une perversion de la pensée trop fréquente chez beaucoup de ceux qui ont vocation, rémunérée ou non, à pourfendre l’injustice.
Leur travers consiste souvent à ne penser le mal qu’ils traquent qu’en termes d’essence, de chose en soi un rien fantasmée et, du coup, à traquer tout ce qui participe à cette "essence du mal" en quelque proportion que ce soit.
Quand Isabelle Alonso nous dit grosso-modo que Michel Fourniret n’est que l’expression à son dernier degré d’achèvement de la haine des femmes qui parcourt la société ou quand, à un degré moindre (je prends mes précautions), Bourdieu s’attache décrire les femmes comme partout et de tous temps dominées, on se demande s’il est encore possible (je reprends les termes de Jean-Michel) de rendre compte "de la différence de condition (bien réelle quand même ?) entre, par exemple, les femmes afghanes sous le régime des Talibans et les ministres, journalistes ou professeures d'université de nos métropoles occidentales."
A ne penser qu’en terme de nature au détriment de la mesure on ne raisonne qu’à moitié et, ceux qui fonctionnant ainsi croient incarner la Justice, n’en ont que le bandeau sans la balance.
Mouais... On est quand même ici dans une glose un peu éloignée du texte de départ. Tu reprends des propos de H. Resse rapportant -au style indirect et dans une reformulation bien particulière- des propos d'Isabelle Alonso, laquelle évoque l'affaire Fourniret, dans laquelle elle lit "la haine des femmes".
Tirer des conclusions générales à partir de telles sources, je ne m'y risquerai pas.
Un fait cependant : Tous les quatre jours en France, une femme meurt sous les coups de son partenaire (source : "Recensement national des morts violentes survenues au sein du couple en 2003 et 2004" réalisé à la demande du Ministère délégué à la Cohésion sociale et à la Parité. Enveff, La Documentation française, 2003, p 85.)
Les actes de violence au sein du couple touchent, selon une enquête nationale publiée en 2003 , près d'une femme sur dix en France.
Rédigé par : samantdi | 06 mai 2008 à 18:05
(ceci dit, au moins, ce sujet te fait sortir du bois ! )
Rédigé par : samantdi | 06 mai 2008 à 18:06
Ah, mais pas une seconde je ne nie que de telles violences existent pas plus que je ne nie ni ne minimise les inégalités de salaire ou autres formes de discrimination.
Par contre écrire ça : « Le procès Fourniret suit son cours. Un tueur de femmes, de jeunes filles, de fillettes. Monstre ? Ou juste un type qui met en pratique la haine des femmes, mise en scène à longueur de temps, donnée à voir en permanence, par, entre autres, la pornographie ? » ou ça « Les « faits divers », c’est le nom du déni. La barbarie contre les femmes, ça fait partie du paysage, de l’ordre établi... » ou encore parler de « la sauvagerie de notre culture vis-à-vis des femmes. » (et ce ne sont pas les propos d’Hervé mais bien ceux d’Isabelle Alonso) me parait, pour le moins, verser dans le confusionnisme lourd.
Si notre culture (européenne, occidentale, du 21e siècle) se caractérise par sa « sauvagerie vis-à-vis des femmes », il nous reste quoi pour parler des lapidations, des excisions, des mariages forcés ?
Je ne peux me résoudre à considérer qu’il ne s’agit que d’une seule et même chose.
(Ravi de te voir à ma sortie du bois ceci-dit.)
Rédigé par : aymeric | 06 mai 2008 à 18:33
Merci.
J'ai toujours été subjugué par le fait qu'on puisse confondre pornographie et violence et:ou atteinte à la la dignité humaine.
Il y a, chez certaines "féministes", la tentation de confondre la sexualité "masculine" avec l'oppression de la femme. Un refus de la différence.
Ce n'est évidemment pas une façon de combattre l'injustice que de combattre l'homme (avec un petit h). Un simple masque facile permettant d'appréhender à peu de frais la complexité du désir, tout en le transformant en message "politique".
D'autant plus minable qu'on parle là de gamines et jeunes femmes torturées et assassinées.
C'est toujours profondément détestable et intellectuellement suspect quand on en vient à de telles confusions pour justifier une (bonne ) cause...
Rédigé par : eviv Bulgroz | 06 mai 2008 à 21:17
C'est vrai que Michel FOURNIRET a plus le profil d'un homme qui hait le monde entier... S'il avait été homo il aurait tué des hommes comme cet autre assassin militaire.
Il prend le contrôle sous le menace, il manipule, ment... ce type est avant tout un psychopathe !
Effectivement, ça a aussi tendance à m'énerver de voire qu' encore une fois l'autre chienne de garde en profite pour ressortir ses vieilles idées... Elles sont, certes, toujours d'actualité... mais ici complètement hors contexte !
Rédigé par : boudi | 07 mai 2008 à 11:19
>Samantdi: les violences existent partout, je parlerais pour ma part d'un donné biologique (forces musculaires + testostérones = médiation sociale et culturelle (et affective?) indispensable!); cependant nous, femmes d'Occident, bénéficions de quelque chose d'inestimable: la protection de la loi.
(Et pour ma part, je n'en reviens pas que ce soient des hommes qui aient décidé d'étendre aux femmes la protection de la loi: depuis quand "le plus fort" (historiquement, juridiquement) abandonne-t-il de lui-même une partie de sa force? C'est pour moi l'une des grandes beautés de l'Occident).
Rédigé par : VS | 07 mai 2008 à 11:41
Isabelle Alonso a trouvé un petit fond de commerce et elle l'alimente, je ne me battrai pas pour la défendre.
Cependant, sa théorie selon laquelle Fourniret n'est pas "un monstre" mais un psychopathe chez qui la haine de la femme est mise en acte ne me paraît pas si idiote que ça.
Pour moi, on n'est pas là dans le domaine de la loi, ni même de la biologie, mais du fantasme et de la façon dont il se donne à voir dans notre société : que ce soit le "porno chic" des pubs de Dolce&Gabbana ou la caisse de résonnance de faits divers, je perçois bien cette violence là.
Rédigé par : samantdi | 07 mai 2008 à 14:51
Fourniret, il me semble reconnaît parfaitement avoir un pb avec les femmes depuis le plus jeune age et une relation incestueuse avec sa mère (réelle ou imaginaire peu importe).
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Il est cocasse de replacer pour la milliardième de fois ce slogan de la "société de consommation qui nous pervertit à l'insu de notre plein grè : regardez Fourniret".
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je trouve cela profondément grotesque.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | 07 mai 2008 à 15:42
gros connard :D
Rédigé par : NOM | 09 mai 2008 à 18:32
Un coup de dé parfois abolit le hasard : j'avoue que je m'amuse de la succession des deux derniers commentaires.
(c'est bas ! Aymeric, à ma décharge je suis rentrée tard et insomniaque de Lisbonne - hypallage- je pense que ce commentaire devra être effacé à l'aube)
Rédigé par : samantdi | 13 mai 2008 à 04:38
Ah, mais comme je suis une entêtée, je viens rajouter aujourd'hui à ce vieux fil de discussion un extrait du blog de Bruno Frappat, dont tu conviendras qu'il ne peut, à la différence d'Isabelle Alonso, être taxé de féministe outrancier. Voilà le sujet de son billet du jour :
"Il s'est trouvé, en France, un tribunal pour condamner une jeune femme qui s'était mariée alors qu'elle n'était pas vierge. Et pour tromperie vis-à-vis de l'époux auquel elle avait dit qu'elle l'était. (...) Il y a de beaux jours pour la lutte en faveur de la dignité de la femme. Y compris dans notre République laïque."
Court, mais percutant : http://blogfrappat.la-croix.com/2008/05/justice_1.html
(Sur le même sujet, il y a un article dans le Nouvel Obs en ligne)
Rédigé par : samantdi | 29 mai 2008 à 17:55
Oui, j’avais lu ça sur le site de Libé…
Mais, tu sais, je réprouve moi aussi cette décision, je partage même les inquiétudes d’Elisabeth Badinter à propos de cette « jeune fille, humiliée, publiquement humiliée, revenant dans sa famille. » sans y voir du tout de contradiction avec ce que j’ai écrit plus haut.
Ajout du 30/05/08 : après quelques bonnes lectures il semblerait que ma désapprobation n’avait même pas lieu d’être. Ce qui n’empêche pas, par contre, de craindre que la vie de l’ex-mariée devienne des plus difficile dans sa propre famille (sachant il y a surement dans cette crainte quelques préjugés) mais il n’est pas du tout certain que la décision y ait changé quoique ce soit. De même, on peut aussi trouver l’exigence de virginité un peu consternante mais, là encore, c’est un autre problème.
Rédigé par : aymeric | 29 mai 2008 à 18:46
Complètement d'accord avec les "bonnes lectures recommandées",d'autant meilleures qu'elles ne font que dire noir sur blanc ce que je pensais dans ma petite tête. J'ai surtout aimé : "Pour des raisons philosophies et religieuses, que précisément la laïcité républicaine nous interdit de juger, il voulait absolument épouser une jeune femme de la même confession, et vierge."
Rédigé par : le passant | 31 mai 2008 à 17:55