J’avoue, non sans une certaine honte, que je peux m’installer devant une soirée électorale un peu comme je regarderais un match de foot : de l’easy-eating à portée de main, un peu de liquide du genre spiritueux et il devient bien agréable (pour peu, comme dans le cas du foot d’ailleurs, qu’on ne soit pas écrasé par l’enjeu) de se laisser aller au jeu du commentaire (de commentaires bien souvent).
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Mais, s’il y a, moi aussi, une chose qui m’exaspère dans ces soirées où, si tout le monde n’a pas gagné, personne n’a jamais vraiment perdu, c’est cette détestable habitude qu’ont les professionnels de la politiques présents d’asséner sans sourire que « les Français ont bien dit qu’ils voulaient que… »
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Comme si, ces résultats électoraux, simples pourcentages de faveurs ou de rejets, tels des marcs de café ou des entrailles de poisson, se prêtaient naturellement aux interprétations les plus diverses.
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Dès que j’entends cette accroche, je me crispe et accorde autant de sérieux aux propos qui suivent qu’à ceux d’une cartomancienne de fête foraine.
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Pourtant, je veux bien reconnaître qu’un vote est lourd de significations.
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Déjà, parce qu’il est plurivoque, n’étant pas qu’adhésion et, en temps que choix ressort aussi d’un rejet d’une ou plusieurs des parties en présence.
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Même dans le cas d’un vote « positif », plusieurs choses s’entremêlent :
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Paul Ricœur (et oui, encore lui…) écrivait que « le peuple vote pour trois choses en même temps : un programme, un parti et un leader. »
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On retrouve ici, les trois idéal-types définis par Weber pour classer les différentes formes de dominations : rationnelle, traditionnelle et charismatiques. Idéal-type dont Ricœur nous dit bien qu’ils ne peuvent « être juxtaposés de façon indépendante, parce qu’ils sont toujours plus ou moins intriqués l’un à l’autre. »
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Difficile dans ces conditions d’affirmer avec aplomb qu’en votant à 30% pour tel ou tel, les Français (pardon, les Françaises-et-les-Français) ont clairement indiqué qu’ils voulaient davantage de réformes, en finir avec les vielles querelles, un pétrole moins cher, un premier ministre plus souriant, que sais-je…
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Par contre, ces trois dimensions permettent peut-être d’éclairer différemment la confusion dont on nous a rebattu les oreilles entre enjeu national ou local lors des dernières élections municipales.
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Le seul élément stable entres les présidentielles et ces dernières élections est la dimension familiale, l’appartenance au parti. Les programmes d’une même famille politique peuvent bien présenter quelques ressemblances d’une ville à l’autre, les particularités locales aidant, les divergences l’emportent très sûrement. Enfin le choix du leader est déterminant et pèse très sûrement dans la différence des rapports de force droite/gauche d’une élection à l’autre.
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Donc, local ? National ? Ben les deux mon général dirai-je dimanche soir devant l’écran en reposant bruyamment ma bière de commentateur de comptoir.
Merci de l'avoir dit, parce qu'il est toujours franchement pénible d'entendre ce genre d'appropriations aussi hâtives qu'approximatives.
Je vote pour qui je veux et pour les raisons que je veux, non mais. (Et quand je vote, je ne dis rien, je m'applique juste à fermer cette fichue enveloppe défraîchie...)
Rédigé par : DavidLeMarrec | 14 mars 2008 à 11:38
J'avoue que moi aussi j'adore les soirées électorales, un peu aussi dans les même conditions : pizza et bière. Enfin ça c'est le fantasme parce que dans les faits, faut bien faire preuve d'un minimum de civilité avec son entourage :-)
Rédigé par : le passant | 15 mars 2008 à 12:09
Vous faîtes bien David. Un devoir citoyen, donc moral se doit d’être accompli dans un respectueux silence.
Passant, oui, peut-être que je néglige mon entourage par mon laisser aller…
J’espère que l’on ne m’en tient pas trop rigueur.
Rédigé par : aymeric | 17 mars 2008 à 10:59