- Plus trop, c’est vrai…
- Tu comptes arrêter ? ça fait quoi, deux
ans ?
- Ouais ouais deux ans, pas de quoi être épuisé et
donc, non, je ne compte pas arrêter mais… disons que j’ai une petite crise
d’inspiration. Depuis quelques temps j’ai les plus grandes difficultés à penser
clairement. Je suis dans un rapport au monde trop brouillon, trop lâche pour écrire quoi que ce soit dont je puisse être un tant soit
peu content.
- Mmmmh… Un peu de flemme aussi, non ?
- Sans doute…
- Bon, faut te secouer un peu ! ça te plait
le blog, non ?
- Oui, pas toujours pour de bonnes raisons mais
bon…
- Comment ça ?
- Ben, c’est quand même très égotique de balancer
son petit avis comme ça, de faire l’instruit, le connaissant…
- Ouais, tu décores ta flemme avec ta mauvaise
conscience quoi. Bon m’endors pas ! Tu as bien deux ou trois idées de
billets qui trainent, non ?
- Il y avait bien éventuellement quelque chose à
propos d’Obama.
- Ben voilà, très bien !
- Bof, pas très original non plus.
- T’es chiant ! Parle-moi d’Obama plutôt.
- Ça tournait autour de cette idée de changement
qui a l’air d’être l’axe principal de sa campagne – par rapport à la compétence
de Clinton. Ça m’a toujours un peu dérangé cet appel au changement. Ça permet de s'affranchir à peu de frais de propositions concrètes. On reste coincé dans la posture, et les promesses de beaux lendemains.
C’est ce qu’il y avait d’irritant dans la campagne de Bayrou et, de toute
manière, c'est même une limite car je ne pense pas qu’on puisse aller très loin dans une
campagne uniquement avec cette position. D’un autre côté, je me demandais si ce
change n’avait pas une autre résonance dans la campagne d’Obama. Je pensais à
cette vieille chanson, "A Change is gonna come", que Sam Cook a écrite juste après avoir entendu le "Blowin' in the wind" de Bob Dylan. Dans
son livre Sweet Soul Music, Peter Guralnick nous dit à quel point ce morceau fut important. A l'image de la Soul même, il a préfiguré et accompagné la montée des espérances communautaires. Alors, je sais, Obama, refuse de jouer le jeu du candidat
communautaire, mais qu’il le veuille ou non, il est héritier des attentes et
des déceptions des mouvements noirs des années soixante.
- Bon, ben ça ressemble à un sujet de note ça,
non ?
- Chais pas… C’est un peu superficiel, pas basé
sur grand-chose et puis, sur les élections américaines, il existe tellement
mieux ailleurs.
- OK, tu vas rien faire, quoi.
- Oh, je vais peut-être quand même mettre un lien
vers une vidéo de Sam Cooke.
- Flemmasse !
- Je sais, je sais…
C'est une reflexion très juste sur la pertinence de notre blogging : le caractere egotique d'une part et legitimer sa flemme de l'autre. Une jolie idée de mettre ce questionnement intime sous la forme d'un dialogue.
Je crois que nous sommes tous partagés à ce sujet. Dans ces moments de doute je relis mes bloggers favoris en particulier Kathy Siera et Hugh Mc Leod, et leurs 7 vertus des bloggers (http://headrush.typepad.com/creating_passionate_users/files/SevenVirtues.pdf)
Et puis internet nous offre la possibilité de nous exprimer, de publier et partager nos pensées. Autant en profiter : on peut meme recontrer ainsi des blogs interessants et des reflexions qui nous sont proches.
Hey merci de m'avoir blogrollé : aux cotés de Eviv ou Charles, c'est trop la classe.
Rédigé par : cecil | 05 février 2008 à 10:18
Ben je t'en prie, et merci également (pour le commentaire, pour le lien…).
Ah ! J’aime ces ambiances de cordialité !
(Sinon, je vais aller voir les bloggeurs cités plus hauts, je remédierai ainsi un peu à mon ignorance crasse de la blogosphère anglo-saxonne.)
Rédigé par : aymeric | 05 février 2008 à 13:52
Ah, ben depuis le temps que je l'attendais, cette note, je me fends d'un commentaire, tiens !
Sur le fond comme sur la forme, rien à redire.
Et j'ai beau écouter attentivement, je n'ai toujours pas la moindre idée de la forme que prendrait ce "changement" à la Obama (non pas que je sache beaucoup mieux ce qu'Hillary propose, d'ailleurs)...
Rédigé par : typhaine | 05 février 2008 à 18:03
Argh, la ruse de Typhaine ! Voyant un lien sur son nom, je me précipite dessus ("elle a enfin un blog !") et que dalle. Bon, si elle pouvait me donner de ses nouvelles, ce serait gentil...
Bon, maintenant, revenons à ce cher Aymeric. D'abord, merci pour ce billet qui me fait découvrir Sam Cooke; j'aime bien, quoique je préfère Blowin' in the wind... ensuite, la réflexion sur Obama est pertinente, mais mériterait quelques développements. Après tout, par exemple, Roosevelt s'est fait élire sur une idée de "changement" aussi, changement à tout prix, sans trop savoir où il allait. Finalement, il ne s'en est pas mal tiré, non ?
Enfin, il faudrait que je reprenne tes réflexions sur mon blog. Ce qui m'embête un peu, c'est que j'étais en train de préparer un billet très narcissique... maintenant, à cause de toi, je doute... ah, ces vendéens !
Rédigé par : Raveline | 05 février 2008 à 19:45
Ah, Typhaine, un commentaire !?
Ça doit être le deuxième en deux ans ; ce qui est rare est cher (ou, le bon sens populaire en action).
Raveline, cher, très cher Raveline,
Roosevelt ?
Celui qui a été élu et réélu dans années 30 puis 40 ?
Disons, qu'il y a peut-être des contextes dans lesquels le changement parait particulièrement désirable mais je doute qu'on en soit là (et puis le discours d'Obama a encore le temps d'évoluer et/ou moi de m'apercevoir que je le réduis grandement [mais comment peut-on réduire grandement, tiens ?])
Quant à notre vieux sujet (soupir) si tu allais lire ceci
Rédigé par : aymeric | 06 février 2008 à 18:52
"F.D." Roosevelt, lui-même. (Non, pas Theodore ! - celui à qui l'anglais doit l'expression "teddy bear").
Quant à notre vieux sujet (sourire), ce souci de dénégation collectif n'en est que plus louche. Retente ta chouance, ah ! ah ! ah !
Rédigé par : Raveline | 06 février 2008 à 20:02