D’un naturel prudent, il me paraît sage, pour un billet de rentrée, de réattaquer en douceur, d’autant que je me remets à peine de mes vacances. N’ayant jamais réussi à trouver l’équilibre entre débauche et ascétisme, je me contente de l’alternance et le retour au deuxième terme depuis quelques jours commence à peine à porter ses fruits. Avouez que ce serait tout de même couillon de se faire un claquage, alors autant s’appuyer sur le travail d’autrui et –comme je m’y autorise assez souvent – renvoyer purement et simplement vers un autre billet.
Alors que Bank of America annonçait ce matin qu’elle comptait céder ses activités de courtage d'actions pour professionnels et, dans la foulée, supprimer 650 emplois dans sa banque d'investissement ; que Citigroup avouait ce mardi une perte trimestrielle de 9,83 milliards de dollars (perte quelque deux fois plus importante que celle prévue par les analystes, excusez du peu) entraînant les bourses à la baisse et ajoutant en crédibilité aux annonces d’une entrée en récession de l'économie américaine, Martin Wolf s’en prend vertement aux banques dont il reconnaît la nécessité, mais dont il craint également l’irresponsabilité les deux étant finalement liées (“they are irresponsible partly because they know they are necessary”).
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Amusant de voir Martin Wolf, pas vraiment de la trempe des anticapitalistes primaires, râler contre ceux qui n’ont pas leur pareil pour combiner des gains privés et des pertes socialisées ; un coup de gueule qui ne déparerait pas sur un tract d’Attac.
C’est que le danger lui semble important : “I now fear that the combination of the fragility of the financial system with the huge rewards it generates for insiders will destroy something even more important – the political legitimacy of the market economy itself – across the globe” (notez qu’on s’éloigne ici sensiblement du registre habituel de l’organisation suscitée).
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Selon lui, le nœud du problème se trouve dans la question des perspectives de gains et la tendance au court-termisme (“No, the only way to deal with this challenge is to address the incentives head on and, as Raghuram Rajan, former chief economist of the International Monetary Fund, argued in a brilliant article last week (“Bankers’ pay is deeply flawed”, FT, January 9 2008), the central conflict is between the employees (above all, management) and everybody else. By paying huge bonuses on the basis of short-term performance in a system in which negative bonuses are impossible, banks create gigantic incentives to disguise risk-taking as value-creation”) et la solution serait alors que les montant salariaux se basent sur… les années jupiteriennes (12 ans), plus conformes selon Martin Wolf aux réalités économiques (le temps nécessaire pour juger de la validité d’une stratégie).
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Bon, on peut être sceptique sur la solution proposée, comme sur d’autres jouant sur les limites imposées aux revenus (car comme Martin Wolf le rappelle lui-même “it is child’s play for brillant and motivated insiders to game such regulation for their benefit”) mais quoi, on cherche !…
Réguler !!
Vous plaisantez. Ce serait du communisme.
Ou pire, du chavisme.
Rédigé par : manu(Constantin) | 17 janvier 2008 à 11:55