Le lobbying, c’est mal.
C’est pharmaceutique, pétrolier ou militaire, en tout cas pas net.
Ça sent sa corruption, sa pollution, c’est le règne de l’argent, des gros cigares et des voitures à chauffeurs et, bien évidemment, ça sacrifie l’intérêt général aux portefeuilles d’une poignée.
Dans notre beau (et très républicain) pays, pas de place pour ce genre de pratique.
Non, c’est bon pour le financiarisme anglo-saxon, ou la technocratie corrompue de Bruxelles. L’industrie n’a pas son mot à dire sur les décisions prises par les élus du peuple, non mais !
Surprise pourtant, l’assemblée des affaires économiques de l’environnement et du territoire de l’assemblée nationale propose dans un rapport (en même temps, on sait ce que deviennent les rapports) de passer du déni contreproductif (pas de lobbying on vous dit !) à la tentative d’encadrer celui-ci avec les principales propositions suivantes :
– valoriser le lobbying bien compris en France ;
– affirmer une définition du lobbying : pour informer le monde politique, le lobbyiste représente une personne morale privée ou une catégorie spécifique d’acteurs publics. En fournissant au bon interlocuteur, au bon moment, la bonne information, le lobbyiste aide le politique à prendre ses décisions en toute connaissance de cause. Le lobbyiste fournit directement au monde politique les informations ou expertises dont le politique a besoin dans l’exercice de ses missions. Le lobbyiste agit par veille, anticipation ou à la demande de l’acteur politique ; il est un partenaire du politique, mais il ne se substitue pas à lui ; il n’est ni un commercial, ni un chargé des relations publiques. Enfin, le lobbyiste est l’interface entre le monde politique et son commanditaire. Il contribue également à la diffusion, dans l’entité qu’il représente, de l’information émanant du monde politique ;
– établir un code d’éthique, fixant un certain nombre de règles relatives à l’attitude des lobbyistes (respect des usages parlementaires, transparence, objectivité, etc), aux voyages auxquels participent les parlementaires, au statut des lobbyistes et aux incompatibilités (si les élus nationaux ne peuvent être lobbyistes, les collaborateurs parlementaires pourraient contribuer aux échanges d’informations entre groupes d’intérêts et monde politique, dans des conditions strictes) ;
– créer un registre parlementaire des lobbyistes ; l’inscription, validée par une structure ad hoc, ouvrirait certains droits d’accès au Parlement ;
– réserver, près de l’hémicycle, une salle aux lobbyistes ;
– leur permettre d’assister aux débats des commissions ;
– organiser leur consultation préalable à la discussion des textes législatifs ;
– publier un annuaire des parlementaires par spécialisation.
On va sans doute crier ici ou là au pays bradé au grand capital mai j’avoue que l’idée d’institutionnaliser et de vouloir tirer le meilleur parti d’une telle pratique ne parait ni choquante ni idiote. Un fonctionnement à la bruxelloise un peu mais bon, je ne suis qu’un eurolâtre, et béat encore, forcément béat…
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