Le dialogue social, c’est bien.
C’est bien à tel point que notre gouvernement (comme ceux qui l’ont précédé) jure ses grands Dieux que, bien entendu, toute réforme se fera dans le respect absolu du dialogue social. Bon, d’accord on a déjà une idée assez précise de ce à quoi ressemblera le résultat in fine mais la concertation aura lieu, croyez-nous.
Et elle a intérêt à avoir lieu d’ailleurs, car les syndicats veillent au respect de cette obligation, primordiale au point d’avoir été gravée dans le marbre - pour reprendre une expression qui a eu son petit succès il y a de ça un peu plus de deux ans – : « Tout projet de réforme envisagé par le Gouvernement qui porte sur les relations individuelles et collectives du travail, l'emploi et la formation professionnelle et qui relève du champ de la négociation nationale et interprofessionnelle fait l'objet d'une concertation préalable avec les organisations syndicales de salariés et d'employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel en vue de l'ouverture éventuelle d'une telle négociation. »
Unanimisme et force de la Loi donc...
Bel et bon mais au-delà de l’acceptation, de bon sens, de cette obligation, on peut difficilement ne pas s’interroger sur la réalité de la légitimité de ces « organisations syndicales de salariés et d'employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel », légitimité sans laquelle tous ces désirs de démocratie sociale n’auraient finalement plus grande valeur.
Je m’étais déjà interrogé ici sur le caractère obsolète des critères de représentativité, introduits par la loi du 11 février 1950 comme sur l’indépendance en trompe-l’œil de syndicats pour lesquels "l'agenda de la négociation tout comme son contenu ont été pour ainsi dire absorbés dans la régulation étatique aux dépens de la phase d'autonomie de la représentation. […] Parler de mainmise de l'état sur les relations professionnelles et par là même sur la représentation syndicale est certes une interprétation radicale, mais si on ajoute la dépendance financière des syndicats à l'égard de la puissance publique, l'image peut paraitre non dénuée de fondement."
Mais, institution prenant l’eau de toute part – et ne croyez pas que je m’en réjouisse – le syndicalisme est aussi en chute constante d’adhérents et, de fait, a de plus en plus de difficultés à prétendre pouvoir représenter qui que ce soit.
Pour avoir une petite idée de la saignée actuelle, selon Dominique Andolfatto (co-auteur avec Dominique Labbé d’un rapport sur les syndiqués en France) à l’intérieur même de bastions traditionnels (la Poste, l’énergie, les cheminots ou bien l’Education Nationale) le taux de syndicalisation est passé de 30% à 15% sur la France entière, on atteint un plafond de 6 à 7%.
Dans une récente interview à Liaisons Sociales, il poursuit sa charge en rappelant que, si les confédérations ont beau prétendre gagner des adhérents, la réalité est qu’ils sont en baisse partout, que les arrivées ne compensent pas les départs, que les militants sont peu motivés à l’idée de faire du recrutement et ne sont, le plus souvent que « des permanents, plus ou moins déconnectés des réalités professionnelles, qui cumulent les mandants. […] Un certain nombre ne sont plus représentatifs que d’eux-mêmes. Le syndicalisme à la française est devenu un syndicalisme institutionnel de professionnels. »
Mais soyons justes, si les syndicats sont des partenaires biens fragiles en termes de poids réel et de position leurs traditionnels vis-à-vis n’ont pas vraiment meilleure allure. Il serait peut-être bon de rappeler que le MEDEF, prompt à donner des leçons et s’affichant comme pragmatique sur le dossier des retraites, fut, en 2000, la seule organisation patronale d’Europe à refuser de participer à une instance de concertation préparatoire à une réforme des retraites.
Notre dialogue social a décidément très pauvre allure.
pourtant ils font tellement se mousser sur le télé et envois du monde sur la rue et empêchent les métros à marcher en plein hiver!
je n'oublierai jamais ce dirigeant CGT revenu de la Roumanie de Ceausescu et disant, tranquillement à la télé "les roumains ont le droit à la grêve!" ni l'électricien du EDF me disant doucement "je fais partie seulement puisque sinon, on me laissera pas à mon boulot"
bien sûr, j'ai aussi rencontré des gens âgés ou jeunes pleines de bonne volonté, mais c'est trop facile de mener au nez et mentir!
Rédigé par : julie Kertesz (julie70) | 18 septembre 2007 à 08:33