A droite :
« la pensée marxiste a contaminé l’ensemble de notre société, ses
institutions mêmes. Il n’y a qu’à écouter la radio publique, ce qui devrait
être la voix de l’état n’est qu’un robinet de lourde propagande gauchiste, la
même qui imprègne l’éducation nationale – à ce sujet, on devrait parler
institut de formation marxiste. Et tout ça, bien sur, avec nos
impôts. »
A gauche :
« la pensée libérale est en passe de réussir un lavage de cerveaux
généralisé. Nous sommes très peu à voir cette vulgate pour ce qu’elle est, une
méchante propagande au service de puissants. Même la radio publique n’échappe
pas à ce matraquage. Ce qui devrait être la propriété des citoyens s’est
converti à la nouvelle religion de la croissance dont Jean-Marc Sylvestre nous
répète quotidiennement à quel point le salut ne passe que par elle. »
Je ne sais pas ce qui
m’amuse le plus là-dedans. La symétrie qui réduit l’une et
l’autre de ces justes révoltes au peu de choses qu’elles sont, ou la
posture, se retrouvant de chaque côté, de celui à qui on ne la fait pas et qui
voit bien que le reste de ses concitoyens vit dans le mensonge, mensonge que
lui, vigie attentive, courageux, résistant même, va dénoncer (posture qui ne
m’amuse pas moins quand je la devine chez moi) ?
L’association Positive
Entreprise est de celles qui se sentent investies de telles missions :
ainsi les manuels
scolaires d’économie seraient « la principale raison de la
perception négative des jeunes vis-à-vis de l’entreprise. »
Je ne pense pas que
l’enseignement de l’économie soit exempt de reproches, j’aurais même tendance
si j’en crois mes souvenirs et des commentaires lus ici ou là, à avoir quelques
doutes sérieux sur sa qualité. Néanmoins, je crois qu’on s’est trouvé là un
bouc émissaire bien commode.
Pour commencer, comme le notait Olivier Bouba-Olga, « 71,4% des élèves ne suivent pas un tel enseignement »,
Ensuite,
il y a ce réflexe victimaire, sans lequel on n’imagine plus de revendication
possible : « L’entreprenariat et la réussite ne sont jamais valorisés.
Les portraits de chômeurs sont beaucoup plus nombreux que ceux de chefs
d’entreprises performants, de jeunes diplômés ambitieux, de collaborateurs
épanouis. » L’école faisant l’apologie du chômeur, l’entrepreneur mal
traité par l’institution, c’est tout de même assez gonflé voire franchement
malhonnête d’autant que ce désamour des jeunes est visiblement très largement
fantasmé.
Enfin, on peut aussi
s’interroger sur la nécessité de faire la promotion de l’entrepreneur qui,
d’exemple de réussite, devrait être pour certains l’idéal de la réussite alors
que, comme le rappelait Hervé il y a un an maintenant : « Une boite
sur deux crève après deux ans, ce n'est pas mon délire, c'est une statistique.
Encourager à créer des boites c'est bien. Leur permettre de vivre serait mieux.
[…] Je voudrais d'ailleurs que vous et moi, ayons à cet instant une pensée émue
pour tous les quadras qui dans les mois à venir "se décideront à sauter le pas".
Pour devenir, suivez mon regard, consultants (en deux mots aussi),
entrepreneurs individuels. Qui ne comprendront que trop tard qu'on les a sortis
sans qu'ils s'en doutent des statistiques officielles, avec un assez faible
espoir d'y retourner. Ils deviendront peu à peu les fantômes de la croissance,
le peuple de la nuit des futurs has-beens de l'économie. […] Tant que nous y
sommes, ayons aussi une pensée pour les petits graphistes indépendants, les
pigistes, les professions libérales que tout le monde imagine bardés de blé à
cause de ce mot "libéral". […] Ils payent quand tout va bien les
cotisations sociales, cotisent à la TVA, bons citoyens fiers et droits de ce pays. Jusqu'au jour
où ils tomberont malades ou subiront quelque revers. Découvriront alors qu'ils
ne relèvent d'aucune
solidarité. Qu'au contraire on leur maintient bien la tête sous l'eau, exigeant
d'eux qu'ils continuent de payer leurs charges quand l'argent ne rentre plus.
Comment doivent-ils faire? »
Les commentaires récents