Un post très intéressant et assez complet du côté de Libertés réelles pour faire le point sur les arguments protectionnistes et libre-échangistes.
Si, fidèles en cela au quasi consensus chez les économistes, ils penchent plutôt du côté de l’ouverture des frontières, ils n’éludent pas pour autant les points qui posent problème.
« L’idée très simple est que si les gagnants y gagnent plus que les perdants ne perdent, il suffira aux premiers d’indemniser les seconds à hauteur de leurs pertes et de conserver le surplus pour atteindre une situation que les économistes appellent Pareto-améliorante. Ce raisonnement a deux problèmes : le premier est qu’il faut que des mécanismes politiques existent effectivement. C’est par exemple ce que représenterait une Sécurité sociale professionnelle, qui serait payée par les cotisations ou les impôts des plus éduqués (ceux qui profitent de la mondialisation) et versée en formation, en effort de transition entre deux emplois à ceux dont les emplois ont été détruits. Mais les difficultés à mettre en place ce genre de mécanismes sont un indicateur du fait que malgré l’existence de gains au niveau agrégé, ceux qui en profitent le plus sont réticents ex post à reverser ce qu’ils ont gagné... Il est un peu facile pour l’économiste de dire au politique : "Voilà ce qui serait efficace, à vous de vous assurer que c’est juste, et débrouillez vous avec ça". Une branche maintenant importante de l’économie s’intéresse aux rapports de forces politiques et à la manière dont sont redistribués ou non les gains de l’échange. Le deuxième défaut de ce raisonnement est de considérer comme évident qu’on peut identifier les perdants. En fait, comme on l’a vu plus haut, il est difficile de distinguer l’effet du progrès technique et du commerce international, ou d’autres phénomènes possibles. »
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Hier s’est ouvert le procès des assassins de Hrant Dinks. Un procès d’importance pour la Turquie dans la mesure où seraient impliqués des responsables de la police (laquelle avait eu un comportement pour le moins ambigu lors de l’arrestation du tireur). J’ai un sentiment voisin de celui de l’association Human Rights Watch lorsqu’elle déclare que «ce procès représente un test crucial de l’indépendance de la justice turque».
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Vous pensez avoir une bonne culture musicale ? Allez tenter votre chance ici puis ici (règles énoncées là). Ça rend modeste, je vous assure…
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Tiens, la presse sportive (oui enfin, pas n’importe laquelle, les excellent Cahiers du Football) s’intéresse à Chavez.
Il y avait aussi tout une page sur la "Copa Chavez" dans L'Equipe ce dimanche sur un ton mi-amusé mi-consterné. Avec une improbable photo de supporters assemblés pour former les lettres "Hugo Chavez". Mais c'est pour le bien du peuple, alors...
Rédigé par : Allegro | 03 juillet 2007 à 23:49
Ah, j'ai loupé ça.
Davantage une lecture de vacances l'Equipe (plus qu'un mois).
Rédigé par : aymeric | 05 juillet 2007 à 09:49
J'étais dans l'avion dimanche. Une lecture de vacances, je confirme.
Rédigé par : Allegro | 05 juillet 2007 à 21:44
Incroyable cet article. On y apprend que Chavez instrumentalise un gros événement sportif à son profit. Ce n'est pas en France que l'on verrait cela.
C'était quoi votre dernier article déjà ? Ah oui. En politique étrangère, Chavez fréquente des gens peu fréquentables. Comptez-vous bientôt nous apprendre que Chavez va aux cabinets comme tout le monde ?
Plus sérieusement, je partage votre indignation et celle des Cahiers du Foot : rendez-vous compte, cette enflure léniniste de Chavez participe d'une *politisation* du sport !! Quelle horreur. Ce beau sport médiatique et drogué, gavé de sponsors, qui lui seul est pur, et ne véhicule aucune idéologie.
Mon Dieu. Comme disait feu Alain Minc : les marchés, c'est comme la grêle et la pluie.
Et la connerie aussi sans doute.
A part ça, un progrès dans la première partie de votre article : il semblerait que les (quels?) économistes commencent à découvrir le monde réel. Le commerce dérégulé peut produire des inégalités. Digue ça...
Rédigé par : manu | 16 juillet 2007 à 10:26
Mon indignation ? Comme vous y allez. Vous êtes un lecteur très sensible dites-moi.
Bon, je vais commencer par vous remercier pour votre bon point, je vous vois rarement descendre de votre supériorité moqueuse pour décerner un encourageant « en progrès ».
Ah, les économistes et leurs théories sans rapport avec la vérité vraie du monde réel qui existe réellement…
Sinon, deux petites remarques très anecdotiques :
- "Digue" au lieu de "Dingue", c’et amusant ça comme lapsus dans le cadre d’une discussion sur le protectionnisme.
- Je ne vous reproche pas vraiment votre supériorité moqueuse dont je parlais plus haut. C’est tentant et même assez inévitable quand on fait un blogue ou qu’on commente. Ma réponse commence d’ailleurs dans le même ton et nous promettrait une belle série de dos à dos si je m’y aventurais, ce que je ne ferai pas car je vous considère bien supérieur à moi dans l’art du sarcasme. Si vous pouviez juste, par contre, changer de temps en temps de registre vous n’en seriez que plus agréable. Enfin si cette idée vous motive…
Rédigé par : aymeric | 16 juillet 2007 à 12:00
Allez, c'est les vacances et votre commentaire de psy-express sur ma coquille m'a bien fait sourire. Je vous répondrai donc, motivé par l'idée d'un peu plus de sérieux :
-ne vous étonnez pas que l'on se moque lorsque vous vous moquez vous-même. Enfin quoi, les Cahiers du Foot qui parlent de Chavez...où on est, là ? (si vous me passez cette tournure familière).
-ne faites pas semblant, vous ou éconoclaste, de jouer les vierges effarouchées défendant "les économistes" contre le génocide commis par ces abrutis gauchistes goulagueux antisémites qui ont tous les pouvoirs. Vous savez très bien de quel type d'économistes je parle, et d'ailleurs finalement nous allons (peut-être !) tomber d'accord : pas des vrais économistes, des Maris ni des Stiglitz (pour ne citer que des stars), mais des perroquets fanatisés qui envahissent les ondes (France Inter le matin), des universitaires qui ne font plus un cours de leur vie et passent leur temps à cracher sur la fonction publique, payés avec nos impôts (Jacques Marseille, vous l'avez reconnu) ou encore des présidents de la Banque Centrale (rappel : M. Trichet n'a "rien vu" lors du krach du Crédit Lyonnais).
Rédigé par : manu | 21 juillet 2007 à 20:36
Merci à Aymeric pour sa recension.
Je ne sais pas dans quelle catégorie Manu nous classe : "vrais économistes" (ça m'étonnerais, et je n'en demande pas tant, surtout si vous mettez Bernard Maris dedans ), "perroquets fanatisés" ou autres catégories...
C'est vraiment déprimant d'essayer d'écrire des textes où on met en avant uniquement des études empiriques, et auquel on nous répond que nous sommes totalement déconnectés et que nous n'avons rien compris, ou bien que nous avons enfin découvert le monde réel. Ben ce qu'on découvre, c'est que le monde réel, il est compliqué, que ce n'est pas si clair que l'ouverture commerciale entraîne une augmentation des inégalités, mais que même si c'est le cas, il est possible de réguler le libéralisme dans une perspective plus égalitaire.
Rédigé par : Markss | 23 juillet 2007 à 18:35
Eh bien ça c'est fantastique, cher monsieur Libertés Réelles, car c'est le lien même que vous mettez dans votre commentaire qui me permettra de répondre à votre question. Je cite donc ce bon éconoclaste, référence économique unique semble-t-il de bien des bloggeurs :
"La lecture de Maris m'a appris à me méfier des experts, des journalistes, de ces gourous qui donnent une image détestable de l'économie, celle d'une discipline composée intégralement d'idéologues se cachant sous un vocabulaire savant, ou de prévisionnistes ridicules discutant dans le poste de l'impact sur le moral des ménages de la hausse des taux d'intérêt."
Le même éconoclaste, toujours dans cet article, fait remarquer que Maris file un mauvais coton depuis plusieurs années déjà, et j'opine. On l'entend même chanter en choeur avec Monsieur Sylvestre, ce qui est inquiétant.
Je constate également, cher monsieur Libertés Réelles, que vous m'attaquez sur Maris, personnage médiatique, mais ne dites pas un mot sur Stiglitz. Un oubli sans doute. Je ne vous connais pas, et ne vous "classe" dans aucune "catégorie", si ce n'est celle des amateurs de tautologie (existe-t-il une liberté qui ne soit pas réelle ?).
Et pour terminer, je vous souhaite bon courage pour cette tâche immense, digne des plus grands : vous apercevoir que le réel, c'est compliqué, et qu'il est possible de réguler le libéralisme (attention : n'est-ce pas là le premier pas vers une résurgence du polpotisme ?).
Rédigé par : manu | 24 juillet 2007 à 09:55
Vous avez le droit de m'appeler par mon pseudo vous savez. Et bien, nous sommes d'accord sur Maris, sans doute sur Stiglitz aussi, qui est pour la plupart des économistes un des plus grand de la deuxième moitié du 20ème siècle. Mais puisque nous avons l'air de nous accorder sur les auteurs que nous lisons, allez donc lire Paul Krugman (son livre "La mondialisation n'est pas coupable" ou ses chroniques au NY Times), vous comprendrez ce que je veux dire.
Pour info, les libertés qui ne sont pas réelles s'appellent des libertés formelles.
Rédigé par : Markss | 24 juillet 2007 à 12:38
J'abonde.
La "Mondialisation…" de Paul Krugman fut pour moi une petite révélation.
(Oui, je sais, j'emphatise un peu, mais c’est vraiment à lire.)
Sinon, Markss : de rien. Je suis ravi de vous voir trainer dans le coin.
Rédigé par : aymeric | 24 juillet 2007 à 16:13
Après un peu d'économie, un peu de logique : si la liberté réelle est une tautologie, la liberté formelle est un oxymore.
(Il me souvient, d'ailleurs, de m'être fait traiter de sale stalinien socialiste-national pour avoir établi une légère dichotomie entre ces deux "libertés"). Passons...
M. Krugman ? L'ancien conseiller de Ronald Reagan ? Pourquoi pas...Tiens, que lis-je sur son site non officiel ? (http://www.pkarchive.org/global/gauls.html)
"All you need to do is cut interest rates, so that private spending takes up the slack. But you can't cut interest rates if you are obliged to keep your currency strong. So the Maastricht Treaty (the blueprint for European currency union) ensured that the budget-cutting it required would be all pain and no gain. Nobody can make a precise estimate, but a guess is that without Maastricht, France might have an unemployment rate of 10 percent or 11 percent. Not great, but a couple of points better than now."
Si même ce genre d'économiste est opposé au monétarisme...
Après toute cette bonne nourriture pour la pensée, comme ils disent là-bas, bonne journée !
Rédigé par : manu | 26 juillet 2007 à 17:15
Si c'est pas de la violence symbolique ça...Tu peux traduire parce que je ne cause pas anglais moi...
Rédigé par : le passant | 26 juillet 2007 à 17:53