1966 : Le comité exécutif de la FGDS confie à François Mitterrand le soin de constituer un contre-gouvernement, sur le modèle du shadow cabinet britannique en déléguant ses membres à la surveillance des différents ministères. Le 5 mai, l’annonce de sa composition ne rencontre pas d’adhésion, les choix semblent rappeler la IVe république, avec Guy Mollet aux Affaires extérieures et à la Défense, René Billières à l’Education nationale, Gaston Deferre aux Affaires sociales. L’idée sera rapidement abandonnée.*
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Michel Rocard : « En deux ans et quelques, le contre-gouvernement n’a produit aucune étude sérieuse, aucune proposition politique novatrice, aucune idée. […] La pensée dominante chez mes amis c’était que le contre-gouvernement n’était que du vent. Ça ne mordait pas car ça cachait un vide total. »*
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26 juin 2007, interview de Jean-Marc Ayrault dans le Monde : « J'entends mettre en pratique concrètement [la rénovation] en constituant une équipe de quinze vice-présidents. J'ai proposé à Arnaud Montebourg de devenir premier vice-président, chargé de la prospective. Ce sera pour lui l'occasion de faire ses preuves dans le cadre d'un travail collectif. Le financement de l'assurance-maladie, le contrat de travail, on va se mettre au travail tout de suite. Il faut que l'on soit prêts en termes de contre-propositions, que l'on redevienne une opposition intelligible. Ces vice-présidents et vice-présidentes, puisque le principe de la parité sera respecté, seront responsables des textes qui vont venir dans les commissions et, en même temps, vont suivre chacun un domaine ministériel. Ils seront amenés, non seulement, à réagir sur les projets de loi mais à suivre l'actualité gouvernementale dans son ensemble.
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* extraits de Si la gauche savait de Michel Rocard (et Georges-Marc Benamou)
Ha tiens on en apprend tous les jours !
Du shadow cabinet je ne connaissais que la version britannique, qui me semble (mais je suis ça de loin) plutôt crédible.
Quant à la version française, qui sait, peut-être aurons-nous une sorte de divine suprise. Après tout nos amis d'outre-Manche n'ont pas l'apanage exclusif d'une opposition constructive...
Même si les récents exemples d'opposition en France (de gauche comme de droite, d'ailleurs, l'opposition française semblant se conformer à l'idée fabiusienne de l'opposition frontale - ah, les dizaines de milliers d'amendement à la loi (laquelle d'ailleurs ?) qui font le bonheur des chroniqueurs politiques) ne plaident hélas pas pour cette vision optimiste.
L'avenir nous le dira.
Qui après ça dira que l'histoire ne bégaye pas ?
Rédigé par : Thomas | 26 juin 2007 à 23:12
les dizaines de milliers d'amendementS
(j'en rougis de honte)
Rédigé par : Thomas | 26 juin 2007 à 23:14
Il faut apprendre des erreurs passées... ça ne veut pas dire ne pas tenter à nouveau.
Je trouve cette idée séduisante, même si j'ai un gros doute sur la capacité des "vices-présidents" à suivre sérieusement chacun des dossiers de leur domaine ministèriel, sans une aide technique très présente et très forte...
Mais il faut être constructif, et la seule façon de l'être serait de se frotter au plus près aux problématiques et décisions gouvernementales.
Le problème c'est que le gouvernement a des réponses trrrrrrrès libérales à toute problématique... et que nous ne savons que bégayer depuis quelques mois. La gauche doit se décompexer, mettre les mains dans le cambouis et oser faire des choix de gauche. Elle doit être en mesure de chiffrer les coûts de chacune de ses orientations et de flècher les efforts à faire par chacun.
Et puis si, en prime, nous pouvions renvoyer Johnny et ses copains dans leurs chalets suisses (où leur nouvelle maison à Los Angeles) et récupérer une bonne partie des 10 milliards de cadeau fiscal que notre bon président a promis !!!! (Non mais là je rêve)
Je ne sais pas combien d'entre eux vont réellement revenir en France et y payer, pour de vrai, leurs impôts... Mais quand j'entends que la vente, nécessaire, d'une partie du capital de GDF va royalement nous rapporter 3 millards... j'ai un peu l'impression que l'Etat français est entrain d'offrir son capital (enfin le notre) à ceux qui en ont certainement le moins besoin !!!!!
Effectivement, dans ces moments là, j'aimerais entendre de vraies contre-propositions !!!!!!
Rédigé par : boudi | 27 juin 2007 à 11:15
Comment !
Compareriez-vous Jean-Marc Ayrault à Guy Mollet ?
Un homme si modéré, si moderne, si bourgeois en somme.
Sinon, compte tenu des circonstances, je trouve assez piquant de citer un livre de Benamou & Rocard, l'un étant à l'Elysée, et l'autre à l'hôpital. Mais bon : on ne tire pas, précisément, sur une ambulance.
Rédigé par : manu | 01 juillet 2007 à 00:43