Il y eut d’abord le souvenir de ce texte qui, dans son admiration pour la puissance des mots me semblait, peut-être à tort, tomber dans cette vieille lune d’un langage qui serait le rempart contre la barbarie, un langage régulièrement pourvu de vertus trop grandes pour lui seul.
Ensuite, ce fut une pauvre tentative d’en débattre qu’une diction pâteuse, une pensée confuse une logique brisée par trop de bières rendit impossible.
Maintenant, je devrais tenter de déconstruire le problème, parler de ce que l’expérience clinique sépare et que le sens commun bien trop souvent confond. Je devrais en profiter pour revenir sur la théorie de la médiation, mon Arlésienne, ma désolée.
Mais, ce que l’alcool n’entrave plus, le manque de temps sait très bien s’en charger. Je me contenterai donc (idée piochée) de reproduire un commentaire que j’avais laissé ici, alors qu’on y causait du même thème :
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Je vais commencer par une réflexion de puriste, mais c’est moins une affaire de langage que de langue, c'est-à-dire d’idiome dépendant de l’histoire, du lieu et du milieu dans lequel on baigne. L’étude de William Labov, « Le Parler Ordinaire » démontrait il y près de trente ans maintenant, que d’un point de vue strictement linguistique le parler des ghettos, est « parfait ». Il s’agit donc davantage d’un problème sociologique que linguistique. Que tend à prouver la non maîtrise du français ? A mon avis essentiellement que nous sommes face à une communauté se construisant de plus en plus en réaction contre une autre, ce qui en soi n’est pas anormal (le problème de l’identité que vous pointiez) mais qui prend ici la forme du rejet pur et simple et conduit aux actes destructeurs, « barbares » en somme, auxquels nous assistons. Nous en somme au point où, ce rejet actionnant un mécanisme pervers ou le symptôme s’auto entretient (la non maîtrise de langue et des usages entraîne de fait un mécanisme de non acceptation de la part des « autres », de la « société » et légitime in fine le rejet initial) le risque est grand de voir cette « barbarie » perdurer.
Nous somme donc essentiellement face à un problème d’adaptation (que Gaston Kelman met en avant, à mon sens avec raison, dans ses ouvrages) et d’enfermement (je pense à cette phrase, citée de mémoire, donc très approximativement, de Pierre Jakez-Helias dans le Cheval d’Orgueil : « si tu ne connais que le Breton, tu seras court, comme un animal attaché à un piquet ») qui ne se résoudra que par la construction de « ponts ». C’est là que l’enseignement du français, en tant que sésame à la fois pour l’insertion et pour l’évasion (songez à ce qu’une lecture rendue plus facile ouvre comme horizons) prend toute sa valeur. Mais, ne nous leurrons pas, « l’embourgeoisement des barbares » (idée qui me séduit, vous pensez bien) devra jouer sur bien d’autres ressorts que le langage auquel on résume un peu trop souvent la raison humaine.
encore!
Rédigé par : nadine | 09 mai 2007 à 14:11
Je suis bien entendu d'accord avec ta conclusion, mais il n'en reste pas moins que c'est un premier pas nécessaire même s'il n'est pas suffisant.
J'essaierais d'y revenir.
Rédigé par : Tlön | 09 mai 2007 à 16:51