Peut-être n’ai-je pas encore assez de recul, mais ce que m’inspirent les résultats du premier tour n’a guère changé depuis dimanche soir alors que près de quarante-huit heures sont déjà passées.
L’affaire me semble assez mal engagée. Ça ne surprendra pas ceux qui me connaissent un peu et savent que je ne verse qu’avec parcimonie dans l’optimisme mais compte tenu de ce que l’on sait sur les probables reports de voix, Sarkozy dispose pour l’instant d’une avance confortable et je crains qu'elle soit suffisante.
Ceci-dit, positivons (enfin tentons) un brin : devant la surprenante unanimité de la gauche de la gauche pour appeler à voter Royal, on peut se dire que le PS jouit de davantage de latitudes pour tenter de charmer ce centre qui suscite toutes les convoitises et fait, pour l’instant, les gros titres de la presse.
Oui…
Sauf que, les attaques, qu’elles aient visé Bayrou ou pire, ses électeurs lorsqu’ils venaient, ces renégats de la maison rose, sont encore trop récentes. Toute tentative de séduction risque fort de sonner faux de la part de ceux qui ont refusé l’idée même d’un centre en politique.
Surtout, je ne suis pas du tout persuadé que ce soit l’intérêt d l’UDF de donner la moindre consigne de vote. Comme l’a écrit François Brutcsh (dans un très bon billet sur une histoire du centre) : « leur meilleure chance est de conserver farouchement leur indépendance et d'aller "seul à la lutte" (comme on dit en Suisse quand un parti tente la carte de la séduction héroïque en se présentant devant les électeurs sans la béquille de ses alliés traditionnels): pas de consigne pour le second tour de la présidentielle, pas d'accord d'exclusivité au premier tour des législatives, pas d'accord de désistement (ou alors de manière ponctuelle, tactique, pour la cause commune des deux forces de l'opposition, comme JJSS le voulait en 1973). »
Donc, très probable absence d’alliance d’où une récupération très partielle des voix de l’UDF (entre un tiers et la moitié au mieux, le fond traditionnellement centre-droit me paraissant difficilement récupérable).
Le déficit de voix ne se rattrapant pas par des transactions (qui de toute manière n’apportent qu’un soutien fragile, les électeurs n’étant pas nécessairement aux ordres), les votes se gagneront dans l’arène de la campagne. La stratégie de diabolisation de Sarkzy a depuis un moment, à mon avis, atteint ses limites et ne touchera plus que les convaincus (réciproquement, je crois que c’est également le cas pour la stratégie de la "cruchisation"). C’est donc vraisemblablement au débat d’idées, au "projet contre projet" que les choses vont se jouer.
Il reste deux semaines, rien n’est fait, mais (attention,je ne demande qu’à être démenti par les faits) ça me parait quand même mal engagé…
ah ah, j'en connais un qui va se faire tirer l'oreille pour voter Sarko...
Rédigé par : Christie | 24 avril 2007 à 17:09
Comment ça ?
Rédigé par : aymeric | 24 avril 2007 à 17:14
Un miracle est toujours possible, si Ségolène prie très fort la veille du scrutin :-)
Rédigé par : polluxe | 24 avril 2007 à 17:36
Il ne s'agit pas tant de l'avance de Sarko sur Ségolène (elle est dans la fourchette haute du PS) mais de la faiblesse générale de la gauche (36%). Le déficit est trop grand et pour le dire franchement c'est plié.
Rédigé par : Tlön | 24 avril 2007 à 21:45
Bah, tout est possible.
Après les sondages de dimanche soir qui donnaient 54 - 46 en faveur de Sarkozy, l'un des derniers que j'ai entendus, et dont Le Monde se fait l'écho, ce serait maintenant plus du 51 - 49, toujours pour Sarkozy.
Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un raz-de-marée, mais je pense que ceux qui soutiennent Ségolène Royal peuvent y voir un signe encourageant.
Quant à l'optimisme, mon cher Aymeric, permets-moi de m'inscrire en faux : je t'ai vu et entendu soutenir que Nantes se maintiendrait en première division la saison prochaine (rires).
Désolé.
Rédigé par : Thomas | 24 avril 2007 à 21:53
@ Polluxe,
La foi déplace les montagnes, peut-elle changer les électeurs ?
@ Tlön,
L'avance dont je parlais tenait compte des probables reports de voix au deuxième tour. Par des jeux d'additions et de suppositions on peut lui prévoir pas loin de 55%. Nous sommes d'accord, le pays est majoritairement à droite.
@ Thomas,
Ouais… Peut-être… Mais tout de même, globalement, je pense avoir fait plus souvent preuve de résignation que d'optimisme concernant les canaris.
Rédigé par : aymeric | 25 avril 2007 à 10:46