Ce
n’est pas que je me désintéresse de la campagne électorale, j’ai
d’ailleurs suivi avec intérêt (et même
un certain plaisir) le débat Bayrou-Royal (sur la télévision en même temps que
je consultais deux live blogging, de quoi occasionner un tournis très contemporain)
mais parfois, la faute à un peu de lassitude sans doute, je sèche
volontairement ce qu’en bon citoyen je devrais suivre avec assiduité, au profit
de ma dévédéthèque.
Jeudi
soir donc, j’ai préféré Mizoguchi à Sarkozy, ce qu’en soi je trouve difficilement
condamnable, et décidé de revoir L’Impératrice Yang Kwei-Fei (ou Yokihi si on
veut faire son pédant, ce que je ne me refuse pas toujours), le premier film en
couleur (enfin, pour être plus précis, en Daieicolor, pédanterie toujours) du
cinéaste nippon, qui faisait à cette occasion une incursion dans l’histoire
chinoise du 8e siècle en s’intéressant aux amours de l’empereur
Wei-Song et de Yang Kwei-Fei.
Bien
sûr, on retrouve dans ce film LA thématique mizoguchienne (enfin selon Télérama
au moins) de la femme privée de la maîtrise de son destin et ballotée parce que
réduite au seul instrument des ambitions de personnages masculins autant qu’écrasée par
une société violemment patriarcale. Ce n’est pas forcément ce que j’en retiens.
Peut-être aussi qu’à revoir un film, on est plus sensible à ce qui en fait la
singularité qu’à ce qui le rattache de manière évidente à l’œuvre de l’auteur
dans son ensemble mais j’avoue que j’ai été cette fois plus sensible au rapport
qu’entretenait l’empereur à un pouvoir dont il est censé être la source.
Une
scène symptomatique : Wei-Song, tête basse, écoute son premier ministre
lui annoncer qu’une de ses épouses doit être mise à mort car s’étant mêlée de
politique et ce, au nom de lois qu’il a lui-même promulguées et auxquelles il se plie
maintenant avec une triste résignation.
Paradoxe
tragique et fascinant sur lequel Jean-Louis Thireau, dans son Introduction
historique au droit, se penche un instant en remarquant que, si les Grecs de
l’antiquité ont « inventé » le
droit positif, en ne se référant plus à la volonté des dieux ou aux coutumes
des anciens mais, à partir de la fin du VIe siècle av JC, en
identifiant le droit aux lois promulguées par les grands réformateurs ou votées
par les assemblées (« un droit écrit, de création humaine, tenant dans des
lois établies par tous et connues de tous ») ils ont également fait de
cette loi un absolu, non contestable, auquel les citoyens étaient tenus de se
soumettre et qu’ils devaient « défendre avec la même énergie que le
territoire de la cité. » Où on retrouve dans le phénomène législatif ce
que Gombrowicz disait, je crois, plus généralement de la forme (on dira plus
tard la structure) : que l’homme en était simultanément le père et le fils.
Si
j’avais davantage tenu mes engagements j’aurais puisé dans la théorie de la
médiation pour éclairer et approfondir ces questions, vous parler des rapports
instituant/institué, réglementant/réglementé. J’en connais qui pourraient
brillamment s’en charger (hum !
Discret appel du pied…).
le fond noir, c'est assez joli derrière des photos...
mais pour la lecture, je trouvais tes couleurs d'avant plus reposantes ! (parce que oui, je te lis, quand même...)
Rédigé par : camille | 02 mai 2007 à 10:56
Mouais...
Je vais peut-être changer.
En fait, je crois que je ne sais plus trop quoi faire de ce blog en ce moment...
Rédigé par : aymeric | 02 mai 2007 à 11:03
Moi j'aime pas trop le noir surtout avec cette écriture en gris. D'un autre côté, ça permet de vite repérer les liens. Comme ça c'est vite lu..
Rédigé par : le passant | 02 mai 2007 à 19:16
"la rue de la honte" et "les amant crucifiés"... grands moments mizoguchiens. Ah, le masochisme du cinéma japonais qui m'est totalement étranger mais que j'admire, de loin
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 10 août 2010 à 21:08