Soirée anglaise hier soir : après un match de foot de grande qualité j’ai aussitôt enchaîné avec un film de Stephen Frears : The Deal.
Je connais assez mal ce cinéaste qui semble rétif à l’étiquetage comme aux définitions lapidaires. De quelques films vus (Héros Malgré lui, Prick Up Your Ears, My Beautiful Laundrette, Samy et Rosie s’envoient en l’air…) je ne parviens pas vraiment à déceler une identité très nette à part peut-être un goût pour les confrontations ambigües.
Ici, ce sont les deux grandes figures de la politique britannique : Gordon Brown et Tony Blair, qui alternent batailles et complicité, de leur première rencontre en 1983 au fameux deal, un pacte qui aurait été conclu en 1994, avec à la clef, la place de leader travailliste à Tony Blair et un grand ministère pour Gordon Brown, allié à la promesse d’un futur désistement en sa faveur.
Documenté mais sans obsession décoratrice, se permettant même de savoureux anachronismes (comme un ordinateur portable high-tech en 1983). Mine d’anecdotes sur le parti travailliste (avec au passage un Peter Mandelson trouble à souhait, portant chaussettes oranges et se parfumant à la vanille). Animé par des acteurs impressionnants de mimétisme le film présente aussi l’intérêt de ne pas être une charge assassine sur le new labour comme les adorent les Tonyphobes (je pense en particulier à la grande fresque Les Années Tony Blair de Peter Kominsky, pas inintéressante mais, au bout du compte, indigeste de naïveté lourdaude). Car oui, pour les quelques uns qui l’ignoraient encore, je fais partie de ceux qui ne considèrent pas l’Angleterre actuelle comme un cauchemar dickensien et ont les applaudissements qui parfois démangent en repensant au discours que Tony Blair prononça à l’assemblée nationale.
Après l'extraordinaire Warriors (que j'ai même en DVD et, pour une série télé, c'est pas fréquent), Les années Blair était quand même une lourde déception.
C'était assez comique de voir, dix ans après, les travaillistes jouer à leur tour l'air des déçus de la gauche et de la trahison des idéaux.
Rédigé par : Denys | 27 avril 2007 à 19:39