La
présidentielle se rapproche (nous en sommes aujourd’hui à J-83, comme me le
rappelle le compte à rebours qui apparaît à chaque fois que je me rends sur le
site du Monde) et je n’ai pas vraiment de certitude.
J’ai
toujours (on va dire que le vote Chirac en mai 2002 ne compte pas) voté à
gauche, et à quelques exceptions près, toujours socialiste, parti dont je suis
d’ailleurs membre depuis plusieurs mois. Vu comme ça, la question du vote ne
devrait donc pas trop se poser pour moi. Sauf que la candidate officielle est
pour l’instant loin, très loin de me convaincre et que si je suis de gauche, je me
situe plus précisément vers le centre gauche ce qui ne me rend pas complètement
insensible au recentrage récemment opéré par Bayrou.
Et
je ne suis visiblement pas le seul. Libération aujourd’hui fait deux pages sur
« cette gauche tentée par François Bayrou ». On peut comprendre ce qu'il a d'attirant. En se plaçant au dessus des « partis dominants »
il incarne une possibilité de changement sans le repoussoir révolutionnaire, car
il s’inscrit dans une démarche de rassemblement, d’union nationale de syncrétisme
(« allier liberté économique et réformisme social »). Sur le
positionnement "ni... ni", typiquement « troisième homme », cela fait, très grossièrement,
songer à un Chevènement qui aurait troqué (gros bouleversement, je vous l’accorde)
le républicanisme pour le fédéralisme, la grandeur de la France pour la
construction de l’Europe. Et c’est vrai que c’est assez séduisant. Mais est-ce
suffisant ? Selon un sondage IFOP, 75% des Français le jugent courageux.
46% seulement pensent qu’il propose des solutions nouvelles pour le pays. La
limite de Bayrou, à mon avis, tient justement dans cet écart, pour l’instant en
tout cas. Nous verrons plus tard au moment du détail de son programme en
« 6 E » (emploi, éducation, économie, Europe, environnement et
endettement).
Donc
Bayrou, pourquoi pas, mais j’ai un fond légitimiste tout de même
assez fort et aussi quelques doutes sur la sincérité du candidat centriste
lorsqu’il prétend s’affranchir complètement de décennies d’alliance avec la
droite. Ce fond légitimiste n’est pourtant pas suffisant pour me persuader des
qualités de Ségolène. D’ailleurs, honnêtement, ses dernières prestations ne
furent pas vraiment à son avantage et les acrobaties rhétoriques de Jack Lang ne
parviennent certainement pas à cacher la médiocrité actuelle du candidat
socialiste. Mais faut-il l’enterrer ? D’ici au vote, l’espace est
suffisamment important pour qu’on ait la possibilité d’assister à plusieurs
retournements. D’après Anne-Sophie Mercier de Charlie Hebdo, l’UMP est
également sur cette ligne puisque plusieurs de ses membres estimeraient que le
trou d’air de la candidate arrive beaucoup trop tôt pour qu’il puisse leur être
véritablement profitable. D’une manière plus générale, il est extrêmement
périlleux de trop compter sur les faiblesses de l’adversaire et les difficultés
socialistes actuelles en sont dans une certaine mesure l’illustration. Toujours
d’après Anne-Sophie Mercier, on s’est tellement focalisés sur la rivalité entre
les supporters de Sarkozy et les Chiraquiens, sur le pouvoir de nuisance du président, qu’on
a peut-être un peu sous-estimé les effets des mésententes quasi endémiques au PS. Erreur commise par le parti lui même selon Anne-Sophie Mercier :
« pendant que la droite restait engluée jusqu’au dernier moment dans les
polémiques et les règlements de compte, Ségolène sillonnait la France, donnait
la parole aux « gens ». La différence devait sauter aux yeux, ce qui
évitait un affrontement bloc conte bloc, projet contre projet, dont la
candidate ne voulait pas. »
Une
droite en ordre de marche qui déstabilise la stratégie initiale d’une gauche
trop peu soudée autour de son candidat : de quoi s’inquiéter…
Mais
de quoi s’alarmer ? Pas certain. D’une part parce que, comme je le disais
plus haut, le chemin est encore long, et
que la recherche systématique de la
bourde se faisant de plus en plus grossière et finira bien par placer Ségolène
Royal dans une position de victime dans laquelle elle semble assez à l’aise.
D’autre part, parce que le souvenir encore vif du 21 avril 2002, les possibles
difficultés d’obtention des 500 signatures par la gauche de la gauche, le
retrait de Nicolas Hulot qui sauve les 2 à 3% « reportables » de
Voynet sont des éléments qui préservent
le PS de trop grandes difficultés par sa gauche.
Ne
restent à Ségolène Royal qu’à maîtriser les dissensions à l’intérieur de l’appareil
socialiste (tâche un rien ardue tout de même) et à se forcer, elle aussi, à se
sortir un peu de la posture, du flou, pour se muter en véritable force de
propositions (d’accord, sans donner l’impression d’avoir réponse à tout, bla
bla). Pour ma part, j’attends également qu’elle s’affranchisse un peu de ses
slogans creux (arrêter de sortir « ordre juste » tous les cinq mots
et à tout propos par exemple) peut-être
qu’alors j’arriverai à me débarrasser de la crispation irritée qui me vient à
nombre de ses prises de parole.
moi ce qui m'inquiète un peu, regardant Bayrou, c'est le récent ralliement de Blanc à Sarko.. les deux hommes se sont pratiqués pendant 4 ans, et tout d'un coup Blanc, qui aime les réformateurs, le quitte.. mouais..
Rédigé par : Christie | 31 janvier 2007 à 11:10
Oh…
Un commentaire qui n’a rien à voir avec Chavez…
Merci Christie.
C’est vrai que le récent ralliement de Christian Blanc m’intrigue. C’est vrai aussi qu’on peut avoir quelques raisons de douter de la bonne foi de François Bayrou.
Mais peut-être que pour Christian Blanc, il s’agit essentiellement de faire barrage à Ségolène Royal, qu’il ne croit pas une seule seconde à la victoire du candidat centriste et qu’il voit chez Sarkozy, l’unique chance de porter au pouvoir certaines de ses thèses.
Mais, tout de même, rouler pour Sarko…
De mon point de vue, sa victoire aurait au moins un intérêt… pédagogique.
Vue sa propension à jouir pleinement de tous les pouvoirs (pour ne pas dire passe-droits) dont il dispose, on aura au moins l’illustration concrète et détaillée de tous les pouvoirs dont dispose le président de la république. Mais c’est assez glaçant comme perspective.
Sinon, pour revenir à Blanc, j’aime bien le texte de Petit Jardin.
Rédigé par : aymeric | 31 janvier 2007 à 17:23
Il semblerait qu'en "récompense" de son ralliement à Sarkozy, Blanc ait obtenu la promesse de ne pas se voir opposer de candidat UMP dans sa circonscription lors des législatives...
J'ose espérer que ce n'est pas la seule motivation de Blanc.
Le Cinquième sort peu à peu de la "crise Chavez" !
Rédigé par : Zaz | 02 février 2007 à 13:20
J'espère aussi ; je n'ai pas envie d'associer Christian Blanc, pour lequel j’ai un certain respect, à ce genre de médiocrités.
Sinon, ben oui, il était temps...
Rédigé par : aymeric | 03 février 2007 à 15:41
un petit mot en passant...
Rédigé par : boudi | 07 février 2007 à 22:52
Bonjour,
Tu es toujours la bienvenue.
Rédigé par : aymeric | 08 février 2007 à 10:27