Le
cycle de Doha est décidément riche de péripéties : régulièrement donné pour mort,
et presqu’aussi régulièrement ravivé comme dernièrement. Nous devrions prochainement vivre des épisodes
décisifs.
Les
principaux intéressés de cet accord ont en effet l’intention de profiter du
sommet international de Davos pour tenter de relancer le processus avec l’idée
de conclure le cycle d’ici la fin de l’année.
Certes,
cette précipitation a quelque chose de dommageable et Lionel Fontagné a sûrement raison
de s’attarder sur ce que l’on risque de « perdre de vue, trop
occupé à obtenir un accord à l’arraché », un risque qui concerne au
premier chef « ces pays pauvres, susceptibles de perdre à un
compromis se limitant à agriculture et industrie. »
Néanmoins,
et l’auteur de l’article le rappelle, il importe de clore ce cycle
tant un échec « affaiblirait définitivement l’OMC, ouvrant grand la porte
au régionalisme, aux rapports de force, aux conflits commerciaux. »
De mort-né, Doha serait donc finalement en passe de se réaliser, ce qui serait
une (plutôt) heureuse nouvelle. Sauf
qu’il semblerait que la France ait décidé de freiner des quatre fers.
La
principale raison de cette tentative de blocage serait, une nouvelle fois, le
danger pesant sur la Politique Agricole Commune. Jacques Chirac menacerait
même de mettre son veto, si d’aventure l’avancée des négociations était susceptible
de la remettre en cause. La France se cramponnerait donc aux dernières propositions :
une réduction de 39 % en moyenne des droits de douanes prélevés sur les
produits agricoles aux frontières de l'Union, quand un éventuel compromis avec
les américains impliquerait « la réduction de 54 % des tarifs douaniers
agricoles, et le plafonnement à 17 milliards de dollars des subventions
américaines les plus anticoncurrentielles. » Jacques Chirac (mais est-ce
seulement un travers qui lui est propre) comme de coutume ne fera rien qui
pourrait le mettre dans une situation délicate vis-à-vis du monde agricole.
Comme s’en étonnait, il ya quelques temps, Alexandre Delaigue : « Dans
beaucoup de pays développés, on retrouve cette situation étrange, de
gouvernements pratiquant et défendant becs et ongles un protectionnisme énorme
dans un secteur - l'agriculture - qui correspond à une part dérisoire de
l'emploi et de la production nationale, et ne prêtant qu'une attention discrète
aux volontés des représentants de secteurs d'activité infiniment plus
importants et déterminants pour l'emploi et la croissance du pays. Est-ce le
résultat de systèmes électoraux qui privilégient de façon disproportionnée les
électeurs ruraux ? Ou ces systèmes électoraux préférentiels sont-ils eux-mêmes
une autre conséquence d'un favoritisme plus général vis à vis des ruraux? »
J’avoue ne pas avoir de réponse à ce sujet.
P.S. :
je me suis aperçu, alors que ce billet était en cours de rédaction, qu’Alexandre
Delaigue justement avait abordé ce sujet, ce qui m’a permis de lire la dernière chronique d’Eric Le Boucher, également consacrée à Doha et que, une fois n’est
pas coutume, je n’avais pas lue ce week-end.
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