Ouh là ! Ça sent un peu le renfermé par ici.
La poussière s’est accumulée, les toiles d’araignées fleurissent : je l’ai peut-être un peu trop négligé ce blog.
Ceci dit, j’ai peur qu’en ce moment il faille un peu plus que de la mauvaise conscience pour changer cet état de fait. Il faut dire que, la peau du ventre bien tendue et la tête sérieusement embrumée je suis très clairement incapable de produire mes brillantes analyses habituelles. Un peu comme si d’avoir été gavé m’avait donné les capacités cérébrales d’une oie.
Heureusement que je sais encore lire (et encore, même ça c’est devenu laborieux) car j’ai trouvé ce matin de quoi noircir (enfin, ici, grisonner serait plus proche de la vérité) quelques lignes avec une vieille interview de Romain Gary qui m’a frappé par sa justesse. Comme, en outre, l’humanisme qui s’en dégage m’a semblé tout à fait dans le ton des discours de fin d’année, il me paraissait légitime de vous faire profiter d’au moins quelques extraits :
« Nous devons être guidés, quels que soient nos tâches essentielles, par le souci de préserver une marge de sécurité où il y aurait toujours assez de place pour un minimum de l’humain qui nous garderait à la fois de nos erreurs et de nos vérités. […] Il est possible qu’il existe, sur l’homme, une vérité absolue, mais il n’est pas sur que l’homme puisse la supporter. Evitons la métaphysique, mais tout de même, au sein de ce qui s’occupe si peu de lui, l’homme peut bien s’être glissé comme une magnifique erreur qu’il serait vraiment bête de vouloir corriger lui-même. […] L’homme ne doit se prosterner ni devant la vérité, ni devant l’erreur, mais seulement devant une certaine notion de sa propre faillibilité. »
Je souscris à chacun de ces mots mais je voudrais revenir un instant sur cette notion de « marge de sécurité » que Romain Gary définit comme étant une « marge humaine ». Il me semble que c’est effectivement là une question centrale : comment faire en sorte que chacun puisse disposer des conditions minimales pour assurer son indépendance ? Comment trouver une manière viable de tendre vers ce que Robert Castel, à la suite de Léon Bourgeois, appelle une « société de semblables » ?
Question centrale donc, qui ne trouvera sans doute jamais de réponses vraiment satisfaisantes mais de celles qui font de la politique quelque chose qui peut être à la fois noble et excitant.
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