Devant un tel acharnement on peut se demander s’il est encore permis d’émettre une opinion pas trop défavorable sur Alexandre Adler. Mon coté Sainte-Rita sans doute mais j’ai bien envie d'affirmer que tout ce qu’il dit, n’en déplaise à Acrimed, n’est pas systématiquement une ânerie, et qu’à l'écouter régulièrement, il m’arrive parfois de le trouver (je vous jure) pertinent.
Ce matin par exemple : lorsqu'il saluait la décision des sept juges du tribunal fédéral électoral mexicain qui, après avoir examiné ont finalement rejeté, hier, la plupart des 375 demandes en annulation pour fraudes laissant ainsi à Felipe Calderon toujours 240 000 voix d'avance sur son adversaire, Andres Manuel Lopez Obrador.
Non, je ne me réjouie pas particulièrement d’une victoire des conservateurs mexicains mais c’est vrai que la croisade du candidat malheureux m’énervait depuis un bon bout de temps et j’avais déjà lu avec délectation une tribune d’Enrique Krauze dans le Monde du 14 aout (accès limité aux abonnés, désolé) dans laquelle on pouvait lire ceci : «Hormis ces mauvais résultats à la présidentielle, le PRD (le parti du candidat Obrador) a émergé de cette journée électorale comme la deuxième force législative du pays, renforçant très nettement sa représentation dans les deux Chambres, et son candidat à la mairie de Mexico, Marcelo Ebrard, s'est imposé avec 47 % des suffrages. […] Ce dénigrement de l'institution électorale - qui vient, rappelons-le, d'entériner la victoire de plusieurs centaines de représentants de son parti - et les discours incendiaires qui se sont multipliés, jusqu'à un appel à « la résistance civile », font partie d'une stratégie qui représente une grave menace pour la paix au Mexique.»
Alors, peut-être que cette tribune est un peu partiale et partielle, (on peut par exemple en lire ici une virulente critique, mais j’y ai surtout vu quelques attaques sur des détails qui ne ruinent pas le fond du discours, le tout agrémenté de procès d’intention ou d’allusion au statut de l’auteur (ah la « haine de classe »…) censés le discréditer définitivement, tactique très communément utilisée, je sais de quoi je cause) mais quand on sait qu’Obrador, pourtant lâché par une partie des siens, déclare, agitant la masse des manifestants, qu’il ira jusqu’au bout, on peut tout de même s’interroger sur le sens de la responsabilité d’un homme qui attise les conflits en se réclamant du peuple alors que, comme le rappelle Enrique Krauze, « ce « peuple » ne désigne manifestement pas les 27 493 191 Mexicains qui n'ont pas voté pour lui, ni même les 14 756 350 électeurs qui lui ont donné leurs voix. »
Toutes ces gesticulations ne sont pas seulement pathétiques (après tout, Calderon, qui n’a de toutes manières pas la majorité absolue ni à la Chambre des députés ni au Sénat sera de toutes manières obligé de passer par un gouvernement de coalition), elles sont dangereuses et à mon avis disqualifient définitivement M. Obrador en tant que potentiel homme d’état.
Je n'ai malheureusement rien d'intéressant à dire, sinon qu'à mon grand regret le lien sur "décision" est cassé.
Sinon, ce côté jusqu'au-boutiste, ça peut à la fois rappeler Iouchtchencko ou certaines "républiques" africaines.
Ca fait un peu mauvais perdant. Malgré tout, on se souvient de l'élection présidentielle de 2000 aux Etats-Unis.
Une manipulation à grande échelle est-elle réellement à exclure ?
Il s'agit là d'une vraie question.
Sur le lien Acrimed, je constate avec plaisir que ta défense d'Alexandre Adler, au moins sur ce point (de mon point de vue en tous cas), semble fondée. Certains faits récents en tous cas viennent corroborer l'analyse.
Bon, ok, je n'ai fait que survoler l'article, mais les passages en gras, à posteriori, me font sourire
Rédigé par : Thomas | 29 août 2006 à 21:55
@Thomas :
La comparaison avec Iouchtchenko est-elle vraiment pertinente ? La fraude était avérée en Ukraine, par les observateurs internationaux comme par l'institution ukrainienne chargée de surveiller le bon déroulé des élections (et je ne parle même pas de la tentative d'empoisonnement). Si le geste semble similaire, le contexte lui donne donc une autre portée. De plus, les résultats des récentes législatives ukrainiennes, qui ont conduit à la défaite du camp orange divisé, n'ont pas été remis en cause par le Président qui a même nommé son ancien rival à la tête du gouvernement. Comme quoi, l'attitude de Iouchtechenko semblait bien guidée avant tout par le respect des suffrages exprimés par les citoyens ukrainiens.
A voir l'obstination d'Obredor - alors qu'observateurs étrangers comme institutions mexicaines légitimes s'accordent sur les résultats - on se demande si une certaine forme de populisme (pour qui "le peuple" se résume à son camp) n'est pas profondément hostile à la démocratie. Et ce n'est pas pour moi une question de gauche ou de droite, c'est en fait assez variable selon les pays.
Rédigé par : Damien | 30 août 2006 à 01:20
Juste un petit correctif, le nom correct est Andrés Manuel López ObrAdor - AMLO, pour les intimes ;-)
Rédigé par : Lucilio | 30 août 2006 à 10:09
Oups !
Je corrige de suite.
Rédigé par : aymeric | 30 août 2006 à 11:20
@Damien
merci pour ces éclaircissements.
Comme je le disais, je n'ai suivi cette affaire que de très loin.
Quant à la comparaison avec Iouchtchenko, c'était le seul exemple dont je me souvenais d'une manipulation évidente dans lequel le camp bafoué a fini par avoir raison.
Rédigé par : Thomas | 30 août 2006 à 20:43
Pour revenir à Alexandre, sans doute l'Amérique latine n'est-elle pas sa spécialité comme le Moyen-Orient ou l'ex-URSS... Je reste une fan d'Adler car j'adore son style presque baroque et sa voix... ;-)
Quant à Acrimed c'est un site alter-mondialiste, non ? Pas étonnant qu'il s'acharne sur Adler vu les positions politiques de celui-ci.
Rédigé par : polluxe | 31 août 2006 à 09:46
Plus les penseurs sont critiqués,plus ils sont unanimement honnis, plus ils sont intéressants.
Ce qui précède a, comme tout, toutefois, des limites.
Rédigé par : koz | 04 septembre 2006 à 23:57
Serais-tu toi aussi atteint du syndrome de Sainte-Rita cher koz ?
Mais j'admets que j'ai également tendance (une perversion ?) à aller voir du côté des penseurs unanimement méprisés.
Tu as cependant raison de mettre une limite à ta sentence, car je n'y trouve pas toujours beaucoup de choses à sauver.
Sinon, pendant que je te tiens, félicitations pour ton dernier (et les félicitations aussi à Madame, bien sur).
Rédigé par : aymeric | 05 septembre 2006 à 11:13
Comment ça, dernier ? Pour mon deuxième, rien de plus !
;-)
Rédigé par : koz | 07 septembre 2006 à 16:52